Ils veulent raconter leur monde, leur terre, leurs doutes et leurs élans. Et cette fois, ils ne demandent rien : ils filment, créent, osent.
Le festival RECIF veut prouver qu’en Nouvelle-Calédonie, la jeunesse n’attend plus qu’on lui ouvre des portes : elle les construit.
Un festival qui valorise l’effort, le talent et la création
RECIF, pour réalisateurs, émergents, cinéma, international, films du Pacifique, s’est imposé dès sa première édition comme un rendez-vous où le travail, la discipline et l’audace priment sur le discours victimiste. Ici, pas de passe-droits : seuls comptent l’inventivité et la capacité à raconter une histoire.
Samedi 15 novembre, la membre du gouvernement chargée de l’audiovisuel, Naïa Wateou, a participé à la remise des premières récompenses, saluant un événement qui :
tisse des passerelles entre les imaginaires du Pacifique.
Une formule qui résume bien l’esprit du festival : un cinéma qui relie, qui renforce, qui fait émerger.
Le RECIF n’a d’ailleurs pas fait dans la demi-mesure. Plusieurs concours ont été pensés pour encourager toutes les vocations, qu’elles soient spontanées ou plus expérimentées. Le défi 1, 2, 3 Filmez, ouvert dès 13 ans, a poussé les participants à produire un film en 48 heures, montrant que le talent se révèle souvent dans l’urgence créative.
Le concours 1, 2, 3 Pitchez, destiné aux moins de 26 ans, a montré une jeunesse capable de structurer un projet, de convaincre et d’assumer une vision.
Avec Toujours plus courts, les réalisateurs se sont frottés à l’exercice redoutable du court très court : cinq minutes pour tout dire, sans artifices.
La catégorie Jeunes talents, réservée aux moins de 25 ans, a placé la barre haut : dix minutes pour imposer un univers, une esthétique, une lecture du monde.
Enfin, la Sélection Pacifique, ouverte aux réalisateurs de Nouvelle-Calédonie, d’Australie, des îles Cook, de Papouasie-Nouvelle-Guinée et de Wallis-et-Futuna, a offert une vitrine unique aux cinéastes du bassin océanien, prouvant que la région n’est pas seulement un décor, mais bien un foyer de création.
C’est dans cette dernière catégorie que le Corail d’or, le grand prix du festival, a été remis au film néo-zélandais First Horse, signé de la réalisatrice Awanui Simich-Pene. Un choix assumé, qui montre que RECIF n’est pas un outil d’autosatisfaction, mais un concours exigeant, ancré dans l’excellence régionale.
Une jeunesse qui refuse l’assistanat culturel
Le festival RECIF démontre une dynamique rarement observée ces dernières années : une génération qui travaille, qui se forme, qui assume sa compétitivité.
Loin des clichés d’une jeunesse apathique ou dépendante des dispositifs d’aide, les jeunes réalisatrices et réalisateurs ont prouvé qu’ils savent produire, monter un projet, organiser une équipe et affronter un jury.
Dans son discours, Naïa Wateou a insisté sur ce point :
La fiction est bien présente et permet à ces jeunes talents d’émerger.
La phrase est simple, mais elle dit tout. Le cinéma n’est pas une décoration culturelle : c’est un secteur, un métier, une économie.
Et sur ce terrain, la Nouvelle-Calédonie a tout à gagner en soutenant celles et ceux qui veulent avancer par le mérite, non par la revendication. Le gouvernement, en l’occurrence, assume une posture pragmatique : encourager les initiatives qui créent de la valeur plutôt que celles qui nourrissent des dépendances.
Cette vision trouve ici un terrain idéal. L’audiovisuel peut devenir un espace où se mêlent rigueur, créativité et autonomie. RECIF symbolise cette bascule : un festival qui n’attend pas que la reconnaissance tombe du ciel, mais qui construit son propre rayonnement.
Un festival qui fait circuler les œuvres et les idées
La force du RECIF ne s’arrête pas à la remise des prix. Dès la clôture, les œuvres ont commencé une tournée dans les communes de Nouvelle-Calédonie, permettant au public de découvrir le résultat de ces créations.
Jusqu’au 13 décembre 2025, les films vont voyager, rencontrer, questionner. Une manière de rompre avec l’entre-soi culturel et de redonner au cinéma ce qu’il a parfois perdu : un accès direct aux publics.
Cette circulation est essentielle. Elle montre que le festival n’est pas une parenthèse, mais un projet structurant qui diffuse, partage et ancre les œuvres dans le quotidien des Calédoniens.
Elle rappelle aussi que la culture, quand elle est bien pensée, n’est pas un luxe réservé à une minorité, mais un outil de cohésion, de transmission et de fierté collective.
Derrière cette dynamique, une réalité s’impose : la Nouvelle-Calédonie possède un réservoir de talents considérable. Encore faut-il lui donner un cadre, une exigence et des perspectives. RECIF prend cette direction, sans naïveté, mais avec ambition.
En encourageant la performance, la maîtrise technique et l’innovation, le festival ouvre la voie à une génération qui ne demande pas la permission d’exister : elle s’impose.
Et si le cinéma calédonien connaît demain un nouvel essor, il faudra sans aucun doute regarder du côté de cette première édition pour comprendre comment tout a commencé : par le courage de créer, le choix du travail et l’envie de dire au monde que le Pacifique a aussi ses histoires, ses voix et ses images.
(Crédit photo : Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie)


























