Un an et demi après le drame du col de la Pirogue, l’ouverture d’une information judiciaire relance un dossier où les forces de l’ordre ont trop souvent été transformées en boucs émissaires. Le parquet de Nouméa l’a rappelé : l’objectif est de « faire la lumière sur les circonstances ». Et c’est précisément ce que demandent ceux qui croient encore à l’État de droit, laisser la justice travailler, plutôt que condamner des gendarmes avant même l’enquête.
Le contexte qu’on oublie trop vite : une île en flammes
Le 3 juin 2024, la Nouvelle-Calédonie traverse l’une des pires vagues de violences de son histoire récente. Barrages illégaux, guets-apens, armes circulant entre les mains de groupes radicaux : les forces de l’ordre interviennent dans un climat de chaos inédit.
C’est dans ce contexte qu’un véhicule de gendarmes en civil est pris en chasse par des jeunes militants indépendantistes. Le pick-up d’Élie Païta percute leur voiture. Un choc violent, dans une zone où les forces de l’ordre ont été à plusieurs reprises visées par des tirs durant les émeutes. Le gendarme ouvre le feu. Treize balles. Lionel Païta, qui avait déjà effectué deux tirs au fusil de chasse, est mortellement touché.
On parle ici d’un incident survenu dans une situation de menace grave, directe et immédiate, pas d’un banal contrôle routier.
Une instruction enfin ouverte : l’État assume ses responsabilités
Le 12 novembre 2025, le parquet ouvre une information judiciaire pour déterminer la proportionnalité de la riposte. Rien d’exceptionnel : c’est la procédure normale lorsqu’un agent public utilise son arme.
Contrairement au discours de certains militants, cela ne signifie pas que les gendarmes sont fautifs. Cela signifie que la justice suit son cours, avec un magistrat indépendant et l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) chargée d’examiner les faits.
La famille Païta voit dans cette ouverture un soulagement ; c’est légitime. Mais certains dénoncent le délai. Là encore, le droit s’applique : les enquêtes impliquant des armes, des émeutes et des actes de violence multiples sont complexes. On ne juge pas un drame de guerre comme une affaire ordinaire.
Des zones d’ombre, oui mais surtout un principe : la présomption d’innocence
Les débats portent sur la proportionnalité, le déroulé exact, l’identification des gendarmes en civil. Tant mieux : c’est le rôle de la justice d’examiner chaque détail. Mais pointer du doigt les forces de l’ordre avant même la fin de l’enquête, c’est oublier un principe fondamental : sans gendarmes, sans policiers, la société s’effondre.
Depuis mai 2024, les forces de l’ordre sont les seules digues face aux émeutes qui ont détruit des commerces, terrorisé des familles et mis l’économie calédonienne à genoux. Oublier ce contexte, c’est instrumentaliser un drame pour faire oublier les violences qui l’ont précédé.
Un symbole d’un territoire fracturé et du besoin urgent d’autorité
Ce dossier révèle surtout une fracture dangereuse : celle qui oppose la sécurité publique à une partie de l’opinion prête à suspecter systématiquement l’État, la justice et les forces de l’ordre.
Dans un territoire où des gendarmes ont été pris pour cible, où des armes circulent en plein jour, où les émeutes ont laissé plusieurs morts, rappeler le rôle essentiel de ceux qui protègent la population n’est pas un luxe : c’est une nécessité vitale.
La justice doit dire le droit, pas flatter les slogans
L’ouverture de l’information judiciaire est une étape normale, pas un désaveu. Elle permettra de clarifier les responsabilités : celles des gendarmes, oui, mais aussi celles des jeunes qui ont pris en chasse un véhicule, percuté une voiture et fait usage d’une arme à feu.
Dans un État de droit, l’impunité n’existe pour personne, ni pour les forces de l’ordre, ni pour ceux qui agressent l’État. Le reste n’est qu’agitation politique.
Suivre l’évolution de cette instruction, c’est défendre une justice impartiale et un territoire qui refuse de céder au désordre.














