Pékin avance encore ses positions dans le Pacifique. Et cette fois, c’est la filière cacao samoane qui devient terrain d’influence.
Un projet agricole… mais surtout un outil d’influence
Samoa a lancé un programme de développement de sa filière cacao, co-piloté par la FAO et financé par le gouvernement chinois. Officiellement, il s’agit d’améliorer la production, la transformation et la commercialisation du cacao dans le cadre de l’initiative OCOP (One Country One Priority Product).
Mais ce financement chinois s’inscrit dans une stratégie bien identifiée : accroître la présence de Pékin dans les États insulaires, qui constituent depuis des années un terrain privilégié de rivalité géopolitique.
Le statut de Samoa comme « pays démonstrateur » montre aussi que Pékin cherche à en faire une vitrine régionale, un modèle censé inspirer les autres nations du Pacifique. Le tout arrive l’année où la Chine et Samoa fêtent les 50 ans de relations diplomatiques, une coïncidence rarement anodine.
Une filière stratégique mais une dépendance croissante
Le cacao est déjà l’une des cultures permanentes les plus courantes chez les petits producteurs samoans. Le projet promet d’améliorer les revenus des femmes et des jeunes, tout en soutenant l’émergence de nouveaux produits cacao riches en composés phénoliques — un argument de santé publique mis en avant par la FAO.
Mais derrière la vitrine agricole, une réalité demeure : la dépendance aux financements chinois progresse dans les États insulaires. Le discours officiel célèbre « l’amitié » sino-samoane, mais la région voit se multiplier les accords où Pékin apporte les fonds, la technologie et, à terme, l’orientation des choix économiques.
Dans un Pacifique déjà marqué par la fragmentation et la vulnérabilité économique, ces partenariats posent la question de la souveraineté et du contrôle futur des filières locales.
Une initiative régionale, mais un signal stratégique
Samoa devient la tête de pont régionale pour sept autres pays engagés dans l’OCOP : Fidji, Cook, Nauru, Salomon, Tonga, Tuvalu et Vanuatu. Ceux-ci bénéficieront du retour d’expérience samoan, mais également du cadre financier piloté par la Chine.
Le projet, doté de 5 millions USD, s’étend aussi à quatorze autres pays dans le monde, toujours selon le même principe : la Chine finance, la FAO coordonne, et les États bénéficiaires adaptent leurs filières.
Pour la FAO, l’objectif est d’améliorer les revenus agricoles et la résilience alimentaire. Mais pour les observateurs, l’enjeu est plus large : ce type d’accord renforce la présence chinoise dans une zone où les équilibres stratégiques sont déjà fragiles.
Une évidence demeure : dans le Pacifique, chaque projet agricole est aussi un mouvement sur l’échiquier géopolitique.














