Chaque 19 novembre, le monde célèbre une journée aussi essentielle que méconnue : la Journée mondiale des toilettes. Créée par les Nations unies en 2013, elle vise à briser un tabou planétaire : celui de l’accès à l’assainissement.
Derrière ce thème jugé trivial, se cache en réalité un drame humain et écologique : 3,5 milliards de personnes n’ont pas accès à des toilettes sûres, et près d’un demi-milliard pratiquent encore la défécation à l’air libre.
L’enjeu dépasse la simple hygiène : il touche à la santé, à la dignité et à l’égalité entre les sexes.
L’assainissement, ce droit oublié
L’ONU rappelle qu’un accès sécurisé aux toilettes permet de réduire de 30 % les maladies diarrhéiques, cause majeure de mortalité infantile. Pourtant, la moitié des hôpitaux du monde en développement n’ont pas d’équipements sanitaires convenables.
L’absence de toilettes entraîne des conséquences sociales dramatiques : exposition accrue des femmes aux violences, décrochage scolaire des adolescentes, contamination des nappes phréatiques.
Le thème 2025, “Accelerating Change”, invite les gouvernements à accélérer les investissements publics dans les infrastructures d’assainissement.
Selon l’OMS, chaque dollar investi dans l’accès à l’eau et à l’assainissement rapporte en moyenne cinq dollars en productivité et en dépenses de santé évitées. Pourtant, la plupart des États sous-investissent, faute de volonté politique ou de priorisation budgétaire.
L’enjeu environnemental et sanitaire global
Au-delà de la dignité humaine, le manque d’assainissement pèse lourd sur l’environnement. Les eaux usées non traitées polluent les rivières, les sols et les océans, aggravant la crise de l’eau douce.
Chaque année, plus de 80 % des eaux usées mondiales sont rejetées sans traitement. Ce cercle vicieux alimente la propagation des bactéries résistantes aux antimicrobiens, accélère la dégradation des écosystèmes et compromet les objectifs de développement durable.
Le défi est donc systémique : pas d’écologie sans assainissement, pas de santé sans infrastructures.
Nouvelle-Calédonie : entre modernité urbaine et fragilité environnementale
En Nouvelle-Calédonie, le sujet reste discret mais bien réel. Si Nouméa et les grandes communes disposent de réseaux d’assainissement performants, plus de 40 % des foyers de brousse et des zones rurales utilisent encore des systèmes autonomes vieillissants, souvent mal entretenus.
Les autorités provinciales et le gouvernement calédonien ont engagé depuis plusieurs années un vaste plan de mise en conformité des fosses septiques et d’amélioration du traitement des eaux usées, notamment autour du lagon classé à l’UNESCO.
La province Sud, par exemple, subventionne les particuliers pour le contrôle et la réhabilitation de leurs dispositifs d’assainissement non collectif.
Mais le défi demeure : dans un territoire insulaire, chaque défaillance finit dans le lagon, menaçant la biodiversité et l’économie touristique.
La Journée mondiale des toilettes prend ici une dimension très concrète : préserver la mer, c’est aussi mieux gérer nos eaux sales.
Casser le tabou, construire l’avenir
Parler de toilettes, c’est parler d’égalité, de santé publique et d’écologie.
Tant que des milliards d’êtres humains feront leurs besoins dehors, aucun progrès humain ne sera complet.
Cette journée du 19 novembre rappelle que la modernité ne se mesure pas à la hauteur des tours, mais à la qualité des sanitaires.
Et qu’au fond, la dignité commence là : dans un lieu propre, sûr, et accessible à tous.















