Deux blessures demeurent : celles infligées aux bâtiments publics, et celles, bien plus profondes, laissées dans la chair de ceux qui ont tenu la ligne.
En Nouvelle-Calédonie, le retour de l’État n’est plus un slogan : c’est une exigence vitale.
Un commissariat martyr, symbole d’un mois de chaos
Les émeutes du 13 mai 2024 ont marqué un tournant. Pendant un mois, Rivière-Salée a été prise en otage par des groupes d’émeutiers. Le commissariat, pourtant pilier de la sécurité dans le secteur, a été incendié, saccagé, méthodiquement réduit à l’impuissance.
Ce bâtiment n’a pas seulement été détruit : il a été visé. Parce qu’il incarnait l’autorité républicaine, parce qu’il était la preuve que la France tient encore ce territoire.
Mais derrière les murs calcinés, il y a les vies brisées. Un policier a perdu la vue, un autre l’usage de sa jambe. Ces hommes ont payé le prix du maintien de l’ordre sur un archipel où, pendant plusieurs semaines, des quartiers entiers ont basculé dans une violence qui n’avait rien de « spontanée ».
Pour les habitants, pour les commerçants traumatisés, pour les familles qui ont vécu dans la peur, la question n’est plus politique : elle est existentielle.
Sans forces de l’ordre, il n’y a ni sécurité, ni école, ni service public, ni économie.
Nicolas Metzdorf obtient un engagement clair de l’État
Face à ce constat, le député Nicolas Metzdorf (première circonscription de Nouvelle-Calédonie) a voulu du concret. Lors de l’examen du budget à l’Assemblée nationale, il a déposé un amendement pour flécher 10 millions d’euros (1,2 milliard de francs CFP) destinés à la reconstruction du commissariat de Rivière-Salée.
Une somme ciblée, argumentée, pensée pour restaurer non seulement un bâtiment, mais une présence régalienne que beaucoup estiment avoir été trop absente dans les premières heures du chaos.
La réponse est venue directement de la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin.
Et elle a surpris par sa fermeté :
— oui, le commissariat sera reconstruit,
— oui, l’État assume,
— oui, c’est un enjeu prioritaire,
— et non, il n’y aura pas besoin de crédits budgétaires en 2025 : les financements seront ouverts au moment voulu, après les études nécessaires.
Autrement dit : même si l’enveloppe n’apparaît pas dans la ligne budgétaire 2025, l’engagement est total.
Convaincu par ces garanties, Metzdorf a retiré son amendement, non par renoncement, mais parce que l’essentiel avait été acquis : la parole publique, claire et directe.
Désormais, rendez-vous en 2026 pour le lancement concret du projet.
Une reconstruction qui dépasse la symbolique
La réhabilitation du commissariat ne sera pas un simple chantier administratif. Elle incarnera un choix : celui d’un État qui revient, qui protège et qui assume sa place dans un territoire secoué par des forces centrifuges bien organisées.
Pour beaucoup de Calédoniens, l’enjeu dépasse largement Rivière-Salée.
Il s’agit de savoir si la République sera encore capable, demain, de tenir ses quartiers, ses écoles, ses axes routiers, ses institutions.
De dire clairement : la violence n’impose pas sa loi. L’autorité, oui.
Car ce qui s’est joué en mai 2024 n’est pas un simple épisode. C’est un avertissement.
Un rappel que la sécurité n’est jamais acquise, que la cohésion du territoire n’est jamais garantie, et que la présence de l’État n’est pas une option, mais un prérequis à toute vie collective.
La reconstruction du commissariat de Rivière-Salée ne sera pas un geste technique : ce sera un acte politique, un acte d’autorité, un acte de continuité républicaine.
Et pour un territoire meurtri, ce message compte autant que les murs que l’on rebâtira.















