Entre la montée en puissance chinoise et la riposte américaine, les îles du Pacifique deviennent un champ de bataille stratégique.
Une présence chinoise plus intrusive que jamais
Les données compilées par le Pacific Center for Island Security montrent que cinq navires de recherche chinois — dont des bâtiments dédiés au suivi spatial, au repérage de missiles et au cartographiage sous-marin ont opéré dans le nord-ouest du Pacifique le mois dernier. Selon les analystes, ces missions servent à préparer un “undersea battlespace” que Pékin voudrait maîtriser en cas de confrontation.
Près de Kiribati, pays passé sous influence chinoise après avoir rompu avec Taïwan en 2019, trois de ces navires ont été localisés, dont le Yuanwang-7, spécialisé dans le suivi de missiles.
L’enjeu est immense : 3,6 millions de km² de zone économique exclusive, au cœur d’un axe stratégique reliant l’Asie et l’Amérique.
La Chine n’a fourni aucun commentaire sur ces activités maritimes, malgré des inquiétudes anciennes : un test de missile chinois avait déjà frôlé les eaux kiribatiennes en 2023.
Washington muscle sa posture militaire avec ses alliés
Face à ces mouvements, les États-Unis renforcent leur présence. Entre août et novembre, neuf exercices multinationaux ont eu lieu autour de Guam, l’une des pièces maîtresses du dispositif américain dans le Pacifique.
Le plus visible : l’exercice Malabar, impliquant les États-Unis, l’Australie, l’Inde et le Japon. Les entraînements ont porté sur la guerre anti-sous-marine, les défenses aériennes et la coordination interarmées.
Pour Canberra, ces opérations sont essentielles pour “dissuader la coercition dans l’Indo-Pacifique” — une référence implicite à la pression chinoise.
Les États-Unis disposent déjà d’une architecture régionale dense : bases militaires à Guam et aux Marshall, droits de survol et d’accès maritime dans Palau, les États fédérés de Micronésie et les Marshall — trois États sous compacts de défense avec Washington.
Des îles du Pacifique plus exposées que protégées
Selon le Pacific Center, ce renforcement mutuel transforme les populations insulaires en cibles potentielles, là où elles étaient autrefois sous un simple parapluie stratégique.
Comme le résume son directeur Leland Bettis : autrefois, la présence américaine dissuadait ; désormais, elle attire les frappes potentielles, tant les capacités chinoises ont évolué.
Le nouveau Micronesia Security Monitor montre aussi l’étendue des infrastructures modernisées par les États-Unis : quais renforcés, pistes aériennes allongées, capacités logistiques accrues.
Ces implantations traduisent une volonté claire : tenir la ligne face à l’expansion chinoise.
Le projet, financé par des partenaires privés et des fondations comme Carnegie Corp et Sasakawa Peace Foundation, met en lumière un fait simple : le Pacifique n’est plus un arrière-théâtre, mais un front stratégique majeur où la Chine teste, sonde et prépare ses options.















