Le dernier communiqué du FLNKS, daté du 24 novembre 2025, tranche par son ton : une dénonciation systématique de l’État, une contestation globale du processus institutionnel et une rhétorique qui renvoie à un schéma conflictuel vieux de plusieurs décennies.
L’organisation affirme que « l’État français a définitivement choisi la voie de l’entêtement », rejetant d’emblée toute légitimité au travail mené ces dernières semaines entre Paris et les partenaires locaux.
Mais derrière cette posture, un constat s’impose : le FLNKS refuse toute évolution du cadre institutionnel qui ne découlerait pas exclusivement de ses propres exigences. Une stratégie de blocage qui, loin de rassembler, isole.
Un rejet systématique de l’accord de Bougival
Le mouvement indépendantiste répète depuis trois mois que « le projet d’accord de Bougival est rejeté en bloc ».
Mais la réalité est plus nuancée : c’est le seul acteur politique à refuser jusqu’à discuter du document, alors même que l’ensemble des formations républicaines, mais aussi les partenaires socio-économiques, ont participé aux échanges bilatéraux de Paris.
Le FLNKS transforme un document de travail en épouvantail idéologique.
En refusant d’entrer dans le contenu, il préfère agiter l’idée d’une « menace politique » plutôt que de proposer une alternative concrète.
Résultat : un refus de principe qui n’offre aucune perspective au pays.
Un discours qui nie le pluralisme calédonien
Dans son communiqué, le FLNKS affirme que « seul le mouvement de libération nationale représente légitimement le peuple kanak ».
Cette affirmation est non seulement discutable, mais en contradiction totale avec la réalité électorale, sociale et culturelle du territoire : il existe une grande diversité kanak, politique comme associative, dont une grande partie ne se reconnaît pas dans la ligne dure du FLNKS.
En affirmant parler au nom de tous, le mouvement balaie les voix dissidentes, comme si la pluralité interne n’existait pas.
Une méthode qui interroge : pourquoi revendiquer la démocratie tout en refusant la démocratie interne ?
La menace constante de l’instabilité
Le communiqué accuse l’État de provoquer volontairement une crise et affirme que « l’État portera seul la responsabilité des conséquences ».
Ce chantage permanent à la déstabilisation devient une constante de la stratégie indépendantiste : transformer chaque désaccord en ultimatum.
Pourtant, ce sont les mêmes logiques de confrontation qui ont, à plusieurs reprises, plongé le pays dans des tensions dramatiques.
En désignant d’avance un coupable, le FLNKS entretient un climat anxiogène qui ne sert ni les habitants ni l’économie.
Une position figée en contradiction avec les enjeux actuels
Alors que la Nouvelle-Calédonie fait face à :
- une crise économique majeure,
- la nécessité d’un nouveau modèle de développement,
- une insécurité croissante,
- et un besoin urgent de stabilité institutionnelle,
le FLNKS reste campé sur un référentiel datant d’il y a quarante ans.
Le mouvement continue d’opposer « décolonisation » et « passage en force », deux concepts historiques qui ne correspondent plus aux dispositifs de dialogue et de partage de compétences instaurés depuis l’Accord de Nouméa.
En refusant toute adaptation, le FLNKS prend le risque de rester en dehors de la réalité politique contemporaine.
Un refus de négocier qui expose le pays
Le communiqué accuse l’État de vouloir imposer un accord « sans consensus », mais c’est bien le FLNKS qui refuse d’entrer dans la phase de discussion institutionnelle.
Le texte va jusqu’à écrire que « le processus ne peut évoluer sans le FLNKS », confondant rôle politique et droit de veto permanent.
Cette posture radicale place le mouvement dans une contradiction profonde : il réclame le dialogue tout en le refusant.
Elle place aussi la population face à une impasse institutionnelle qui ralentit toutes les réformes nécessaires, sécurité, économie, finances publiques, jeunesse.
Une rhétorique qui instrumentalise le passé
Comme souvent, le FLNKS ramène tout désaccord à une « logique coloniale ».
Ce raccourci systématique empêche toute discussion sereine sur l’avenir.
Il enferme le débat dans une lecture figée et idéologique qui ne correspond plus à la société calédonienne actuelle, largement mixte, diverse et tournée vers la co-construction.
La rhétorique de la confrontation permanente n’ouvre aucune voie, elle ferme toutes les portes.
Un communiqué qui ne propose rien et bloque tout
Le texte est révélateur : aucune proposition institutionnelle précise, aucun schéma de gouvernance alternatif, aucune réponse aux urgences économiques et sociales.
Juste une opposition frontale, un refus catégorique et une menace à peine voilée sur la stabilité du pays.
La Calédonie mérite mieux que des postures figées.
Elle mérite des projets, du courage politique, et la capacité de regarder vers l’avenir plutôt que vers les affrontements d’hier.




















