Le FLNKS dénonce les violences faites aux femmes, mais son silence sur la CCAT et les émeutes du 13 mai interroge sa cohérence politique.
Un discours international qui sonne bien, mais qui reste loin du terrain
Dans son communiqué du 25 novembre, le FLNKS reprend les codes de cette journée mondiale : rappel des résolutions de l’ONU, appel à la dignité, mobilisation symbolique. Le texte est propre, maîtrisé, rédigé pour parler au plus grand nombre.
Mais un détail frappe immédiatement : rien n’est dit sur la réalité calédonienne, ni sur les violences spécifiques que vivent les femmes du territoire. Pas un chiffre, pas une situation concrète, pas une référence aux difficultés structurelles isolement des tribus, manque d’hébergements, poids social qui pèse sur les victimes.
En théorie, le message est irréprochable.
En pratique, il flotte à dix mille mètres du réel.
Dénoncer la violence est légitime ; oublier la CCAT l’est beaucoup moins
C’est le point central de cette tribune : comment un mouvement qui a porté la création de la CCAT, structure qui a déclenché le blocage massif du 13 mai, peut-il aujourd’hui occuper la posture de gardien de la non-violence ?
Les faits, eux, ne se rayent pas d’un communiqué : la CCAT est bel et bien née dans la mouvance indépendantiste, portée et rendue légitime par plusieurs cadres du FLNKS qui l’ont présentée comme un outil politique indispensable. Et c’est cet appareil, assumé comme tel, qui a lancé l’appel au blocage du 13 mai, celui qui a mis l’archipel à genoux. Rien n’a été improvisé, rien n’est tombé du ciel : la crise est directement issue d’une stratégie politique que le FLNKS n’a jamais clairement reniée.
Les incendies, les destructions, les familles prises au piège, les milliards de dégâts, les vies brisées : rien de tout cela n’a été provoqué par un phénomène abstrait.
Tout part d’une organisation politique que le FLNKS n’a jamais clairement désavouée. Et c’est précisément ce qui rend son communiqué difficile à entendre : on ne peut pas prêcher la paix après avoir laissé se déployer un mouvement qui a provoqué la pire flambée de violences depuis les Évènements.
Le texte du 25 novembre se veut élevé ; l’histoire récente, elle, est têtue.
La lutte contre les violences demande du courage, pas des slogans
Sur ce sujet, la population attend de la constance. Les associations qui accompagnent les victimes, les provinces qui financent les structures d’accueil, les équipes de terrain qui interviennent chaque jour, elles savent que la lutte contre les violences se joue dans la clarté, pas dans les ambiguïtés.
Pour être crédible, la parole politique doit s’aligner sur les actes. Reconnaître les violences intra-familiales : nécessaire.
S’interroger sur les freins culturels : indispensable. Assumer sa part dans le chaos du 13 mai : incontournable.
Le FLNKS affirme vouloir « bâtir l’avenir avec et pour toutes les femmes ».
Très bien. Mais l’avenir se construit d’abord sur une cohérence : on ne condamne pas la violence d’un côté tout en taisant celles qu’on a contribué à rendre possibles.
Le territoire sort à peine d’un choc sans précédent. Les Calédoniens, eux, ne demandent pas des discours ; ils attendent des engagements clairs, une prise de distance nette avec les mouvements qui ont plongé les familles dans la peur, et une ligne politique qui ne varie pas suivant les dates du calendrier international.





















