Deux millions de soldats, Paris à deux doigts de tomber, un peuple en exode. Et pourtant, la France s’est redressée. La Marne, c’est l’instant où la nation a choisi de se battre, quoi qu’il en coûte.
La France au bord du gouffre en septembre 1914
L’été 1914 s’achève dans le chaos. Les troupes françaises, défaites lors de la « bataille des frontières », reculent face à l’offensive allemande. La capitale vit dans la peur. Le gouvernement se replie à Bordeaux, laissant Paris à son sort. Les civils, eux, prennent les routes de l’exode. À 30 kilomètres de la Ville Lumière, les soldats du Kaiser avancent, sûrs d’écraser une armée française déjà exsangue.
Mais deux hommes refusent le fatalisme : Joseph Joffre, commandant en chef, et Joseph Gallieni, gouverneur militaire de Paris. Ils improvisent, rassemblent les troupes restantes et confient au général Maunoury une VIᵉ armée constituée dans l’urgence. La survie de la France repose désormais sur elle.
Une contre-offensive de la dernière chance
Le 6 septembre, la décision tombe : attaquer le flanc de l’armée allemande. L’ordre du jour de Joffre est sans ambiguïté :
Une troupe qui ne peut plus avancer devra, coûte que coûte, garder le terrain conquis et se faire tuer sur place plutôt que de reculer.
Le combat devient titanesque. Un million de Français et de Britanniques affrontent près de 900 000 Allemands. De l’Ourcq aux marais de Saint-Gond, c’est un front de 200 kilomètres qui s’embrase. Chaque bataille – Vitry, Revigny, les Deux Morins – arrache son lot de morts.
Mais un fait change tout : le général von Kluck, sûr de sa victoire, commet l’erreur d’exposer son flanc en déviant vers la Marne. Gallieni en profite. L’ennemi, pris de court, recule. Le 9 septembre, l’armée allemande bat en retraite. Paris est sauvé.
Le prix du miracle et l’héritage français
La victoire est immense, mais le prix est terrible : 80 000 morts français en six jours. Des villages entiers deviennent des cimetières. Pourtant, le moral change de camp : la France a tenu, la capitale reste libre et l’ennemi recule.
On appelle cela le « miracle de la Marne ». Un miracle, non pas tombé du ciel, mais forgé par le courage des soldats et la fermeté de leurs chefs. L’armée allemande se replie vers l’Aisne, creuse des tranchées, et la guerre de mouvement se fige. La suite sera longue et sanglante, mais l’essentiel est sauf : la France n’a pas plié.
Plus qu’une bataille, la Marne fut une leçon de volonté nationale. Sans cette contre-offensive, Paris serait tombé – et peut-être la France entière avec lui. En 1914, ce sont des hommes debout, fidèles à leur sol, qui ont sauvé la patrie.