Un tournant décisif pour l’avenir du nickel calédonien. Un avis clair, adopté à l’unanimité, qui place enfin la transparence et la rigueur au centre du débat
Un CESE-NC mobilisé face à l’avenir du Fonds Nickel
Le Conseil économique, social et environnemental de Nouvelle-Calédonie (CESE-NC) s’est réuni en séance plénière ce vendredi 5 septembre 2025, au Mont-Dore, pour examiner un texte crucial : la modification de la délibération de 2009 créant le Fonds Nickel, établissement public chargé de la réhabilitation minière. L’enjeu : élargir ses missions à la compensation écologique, un tournant majeur dans la gestion des conséquences de l’activité minière.
Face aux défis environnementaux et aux tensions économiques, l’institution a su prendre ses responsabilités. L’avis examiné et adopté à l’unanimité des 31 membres présents ou représentés constitue un signal politique fort. La Nouvelle-Calédonie ne peut se permettre d’avancer à l’aveugle : l’avenir du nickel impose discipline, transparence et concurrence loyale.
Dans un secteur souvent critiqué pour ses zones d’ombre, le CESE-NC trace une ligne claire : pas de monopole, pas de confusion des rôles, mais des règles solides au service du pays.
Transparence, concurrence et représentativité au cœur des recommandations
L’avis formule six recommandations structurantes. D’abord, recueillir l’avis de l’Autorité de la concurrence et verrouiller les mécanismes pour éviter tout conflit d’intérêts. Le Fonds Nickel est un acteur reconnu, mais il ne doit pas devenir un mastodonte incontrôlable au détriment des autres opérateurs. La libre concurrence, pilier de l’économie, doit rester garantie.
Deuxième exigence : généraliser les mécanismes de compensation écologique à l’échelle du territoire. Trop souvent cantonnées à la province Sud, ces mesures doivent bénéficier à l’ensemble de la Nouvelle-Calédonie, au service de sa biodiversité exceptionnelle.
Troisième point : renforcer la représentativité au sein du conseil d’administration du Fonds Nickel, aujourd’hui largement dominé par des représentants institutionnels et économiques. Une seule voix associative face à treize autres membres, ce n’est pas acceptable. La société civile doit être entendue pour que la gouvernance gagne en légitimité.
Enfin, le CESE rappelle que les contrats passés avec le Fonds Nickel doivent comporter une obligation de résultats. Fini les promesses vagues : chaque opérateur devra répondre d’objectifs précis et mesurables.
Écologie pragmatique : au-delà de la revégétalisation
L’institution présidée par Jean-Louis D’Anglebermes ne se contente pas d’encourager la revégétalisation des zones minières dégradées. Elle appelle à explorer des solutions alternatives, plus adaptées aux réalités locales : lutte contre les incendies, éradication des espèces envahissantes ou encore meilleure gestion foncière. Une écologie de terrain, loin des postures idéologiques, tournée vers l’efficacité et la durabilité.
Le CESE souligne que la compensation écologique doit rester l’ultime recours, après avoir épuisé les étapes d’éviter et réduire les impacts. Elle ne doit pas devenir un simple alibi pour continuer à exploiter sans rigueur. L’institution recommande également de revoir les outils de calcul des mesures compensatoires, aujourd’hui trop simplistes, afin d’intégrer les efforts déjà fournis par les opérateurs miniers dans la séquence Éviter – Réduire – Compenser (ERC).
L’avis du CESE-NC est sans ambiguïté : oui à l’élargissement du Fonds Nickel, mais sous conditions strictes. Le pays doit conjuguer exploitation minière et préservation environnementale sans sacrifier ni l’un ni l’autre.
Adopté par 31 voix pour, zéro contre et zéro abstention, l’avis marque une rare unanimité dans un paysage politique souvent divisé. Cette cohésion démontre que, sur les sujets essentiels comme le nickel et l’environnement, la Nouvelle-Calédonie peut parler d’une seule voix.
Avec cet avis, le CESE envoie un message clair au gouvernement et aux acteurs miniers : rigueur, concurrence et résultats concrets. Un signal attendu par les Calédoniens, lassés des demi-mesures et des dérives d’un secteur vital pour l’économie.
Le nickel est un atout stratégique. Mais sans discipline, il risque de devenir un fardeau. Le CESE-NC rappelle que l’avenir du pays exige responsabilité, transparence et exigence de résultats.