Les boîtes de médicaments oubliées au fond d’un tiroir ne sont pas inoffensives. Elles peuvent mettre en danger les familles et menacer notre lagon. En Nouvelle-Calédonie, une solution existe enfin pour agir concrètement.
Médicaments non utilisés : un danger caché dans les foyers
Chaque famille calédonienne conserve, sans le savoir, des médicaments non utilisés (MNU) dans ses placards. Comprimés, sirops, pommades ou sprays périmés sont pourtant de véritables menaces. Le premier risque est sanitaire : erreurs de dosage, automédication hasardeuse, intoxications accidentelles chez les enfants. En 2023 encore, plusieurs cas d’ingestion de traitements périmés ont encore été recensés par les services hospitaliers.
Conserver des MNU revient à entretenir une bombe à retardement domestique. Les autorités locales rappellent que les médicaments périmés n’ont plus leur efficacité et peuvent même devenir toxiques. Pour prévenir ces drames silencieux, la province Sud impose désormais une filière claire : rapporter ces produits en pharmacie ou en clinique vétérinaire, et non plus les jeter à la poubelle ou dans l’évier.
Un enjeu environnemental majeur pour la Nouvelle-Calédonie
Au-delà des risques pour la santé, l’abandon de médicaments dans la nature constitue une catastrophe écologique. Des boîtes de comprimés jetées dans les ordures peuvent contaminer les sols et les nappes phréatiques. Un sirop évacué dans l’évier diffuse des molécules actives qui se retrouvent, tôt ou tard, dans le lagon calédonien, patrimoine inscrit à l’UNESCO.
C’est pour éviter cette pollution invisible qu’a été créée la filière Ecopharm. Réactivé en 2022 et agréé par la province Sud en 2023 pour une durée de cinq ans, cet éco-organisme à but non lucratif organise la collecte et la destruction des MNU selon des règles strictes, contrôlées par les agents provinciaux. Les résultats parlent d’eux-mêmes : plus de 7 tonnes de médicaments collectées en un an seulement. L’objectif est ambitieux : atteindre 100 % des foyers calédoniens et garantir que chaque déchet médicamenteux suive un circuit traçable jusqu’à sa destruction.
Ecopharm : un réseau local et responsable
Créé initialement en 2011 par les pharmaciens et grossistes (Unipharma et GPNC), Ecopharm avait été mis en sommeil dès 2012. Mais la prise de conscience environnementale et sanitaire a changé la donne. Depuis 2022, la province Sud a modifié le code de l’environnement pour organiser une filière réglementée de collecte des déchets pharmaceutiques. Résultat : Ecopharm est désormais l’opérateur officiel, financé par la filière pharmaceutique calédonienne, et fonctionne sous agrément provincial.
Son réseau couvre aujourd’hui tout le territoire avec près d’une centaine de points de collecte : pharmacies privées et cliniques vétérinaires. Les habitants peuvent y déposer gratuitement leurs MNU. La liste est claire : comprimés, gélules, sirops, solutions, pommades, crèmes, gels, ovules, suppositoires, sprays, inhalateurs sont acceptés. En revanche, il est interdit de ramener seringues, aiguilles, pansements, lunettes, thermomètres, prothèses, radiographies, compléments alimentaires ou produits de parapharmacie. Les seuls emballages acceptés sont ceux en verre, car ils peuvent être traités avec les médicaments.
Pour informer le public, deux plateformes en ligne ont été lancées en 2023 :
ecopharm.nc, destiné aux particuliers, explique les bons gestes et localise les points de collecte.
collecte.ecopharm.nc, réservé aux professionnels, permet de suivre en temps réel les volumes récupérés.
Aujourd’hui, le message est clair : ne jetez plus vos médicaments et ne les laissez plus dormir dans vos armoires. Déposez-les dans le point de collecte le plus proche. Le geste est simple, gratuit et efficace. En un an, les résultats ont déjà prouvé son utilité. Mais pour atteindre une efficacité totale, chaque Calédonien doit participer.
En rapportant vos MNU, vous protégez votre famille, vous sécurisez votre environnement et vous contribuez à une Nouvelle-Calédonie plus propre et plus sûre.