Des saisies records, une police mobilisée, et des trafics qui se réorganisent malgré la répression.
La Nouvelle-Calédonie fait face à une guerre sans relâche contre le cannabis.
Une opération coup de poing à Tina
Ce jeudi 4 septembre 2025, les forces de l’ordre ont frappé fort à Nouméa. Dans le quartier de Tina, une vaste opération de police a mobilisé les brigades d’intervention, de terrain et anti-criminalité. Résultat : plus de 100 pieds de cannabis arrachés, un multirécidiviste interpellé et un message clair adressé aux trafiquants. L’individu arrêté a été présenté au parquet.
Ces opérations régulières et musclées, témoignent de la détermination de l’État à restaurer l’ordre. Police nationale, gendarmerie et douanes travaillent main dans la main pour briser l’économie parallèle qui gangrène certains quartiers. À Nouméa, l’usage, la culture et la revente d’herbe de cannabis représentent encore la majorité des infractions relevées.
2024 : l’année des records
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2024, 105 kilos d’herbe de cannabis ont été saisis, un niveau jamais atteint auparavant. Ce record illustre l’efficacité de la coopération interservices : les douaniers interceptent les flux, la police judiciaire exploite les aveux et identifie les filières, la gendarmerie procède à l’arrachage des plants sur le terrain.
La répression est massive : 1 190 dossiers traités en 2024, soit une hausse de plus de 30 % en un an. En zone police, les infractions à la législation sur les stupéfiants (IRAS) progressent de +19 %. En zone gendarmerie, la hausse est vertigineuse : +50,9 %, avec 1 842 délits constatés contre 1 221 l’année précédente. Ces chiffres révèlent des trafics de plus en plus structurés, venant principalement de la côte Est et alimentant le Grand Nouméa.
Un trafic qui mute et s’adapte
Si la consommation d’herbe tend à reculer légèrement (-7 %), les faits d’usage-revente explosent (+13 %). Preuve que les trafiquants s’adaptent en multipliant les circuits de distribution. Depuis 2020, les réseaux sociaux et plateformes en ligne sont devenus des vecteurs majeurs de mise en relation entre producteurs et consommateurs, avec des groupes dédiés sur Facebook.
La gendarmerie a donc créé une cellule spécialisée antidrogue dès 2023, tandis qu’une cellule cyber a été montée en compétence pour infiltrer ces réseaux numériques. Sur le terrain, les patrouilles aériennes ont permis de détruire plus de 17 000 pieds de cannabis en brousse en 2024. Le trafic, longtemps perçu comme artisanal, tend désormais vers des formes plus structurées, avec l’apparition de cultures indoor dans l’agglomération de Nouméa après la crise insurrectionnelle de mai 2024.
La lutte contre le cannabis en Nouvelle-Calédonie illustre un affrontement sans merci entre l’État et les trafiquants. Si les saisies records et arrestations traduisent une efficacité réelle des forces de l’ordre, la mutation des trafics appelle une vigilance renforcée. Dans un contexte de montée de la délinquance, la fermeté demeure le principal rempart pour protéger la population et rétablir durablement l’autorité républicaine.
Crédit photo : Police nationale Nouvelle-Calédonie