Alors que la Nouvelle-Calédonie traverse depuis quatre décennies des tensions persistantes sur son statut institutionnel, une nouvelle proposition émerge pour tenter de débloquer la situation. Intitulée « Double Reconnaissance« , cette initiative, rendue publique le 11 mai 2025 sur le site reconnaissances.nc, offre une approche inédite fondée sur la reconnaissance mutuelle des légitimités en présence.
Une alternative aux négociations au point mort
Depuis des mois, les discussions institutionnelles piétinent malgré la multiplication des réunions et des textes. « La Nouvelle-Calédonie ne manque pas de ministres, de médiateurs ou d’experts. Elle manque de vérité« , souligne un observateur local. Dans ce contexte, la « Double Reconnaissance » se présente non comme un énième compromis politique, mais comme un pacte fondateur visant à établir une base solide pour une coexistence pacifique.
Le texte propose que :
– Les autorités coutumières kanak reconnaissent officiellement l’existence de la Calédonie française, son droit républicain et ses terres publiques et privées.
– En retour, la Calédonie française reconnaisse la souveraineté coutumière de la Kanaky sur ses terres ancestrales, son droit propre et ses institutions traditionnelles.
– L’État français ne jouerait plus un rôle d’arbitre, mais de garant de ce pacte.
« Ce n’est ni un statu quo ni une rupture, mais une troisième voie fondée sur une reconnaissance réciproque« , explique le document.
Un texte qui mise sur l’adhésion silencieuse
Contrairement aux précédentes propositions, cette initiative ne passe pas par les canaux politiques traditionnels. Elle ne réclame ni débats publics ni campagnes de validation, mais repose sur une diffusion discrète, de « case en case« , jusqu’aux autorités coutumières. « Le texte est là. Accessible à tous. Mais il ne peut être imposé« , précise-t-on.
Les chefs coutumiers kanak apparaissent comme les acteurs clés de cette démarche. « Ce n’est pas à eux qu’il faut imposer ce texte, c’est au peuple de le leur transmettre, avec respect« , indique la plateforme.
Une issue ouverte, mais incertaine
Si le texte se veut une « sortie par le haut« , son adoption dépendra de la volonté des différentes parties. « Désormais, plus personne ne pourra dire qu’il n’y avait pas d’issue« , affirme ses promoteurs.
Pour l’heure, aucune réaction officielle n’a été émise par les institutions calédoniennes ou l’État français. Mais dans un territoire où les blocages politiques perdurent, cette proposition tente d’apporter une réponse hors des sentiers battus, en misant sur la reconnaissance mutuelle plutôt que sur de nouveaux transferts de compétences.
https://reconnaissances.nc/wp-content/uploads/2025/05/Manifeste-pour-une-double-Reconnaissance_Web.pdf