Un rite ancien pour un héritier moderne. À Tokyo, le Japon a célébré l’entrée dans l’âge adulte du prince Hisahito, seul jeune héritier masculin au trône impérial.
Le Japon mise sur l’avenir avec le prince Hisahito
Le 6 septembre 2025, le palais impérial de Tokyo a accueilli une cérémonie rare et lourde de sens : l’entrée dans l’âge adulte du prince Hisahito d’Akishino, 19 ans. Deuxième dans l’ordre de succession après son père, le prince héritier Fumihito, il incarne désormais l’avenir de la famille impériale japonaise, dont l’histoire se confond avec celle du pays.
Devant l’empereur Naruhito et l’impératrice Masako, le jeune prince a reçu une coiffe traditionnelle en soie noire et en laque, signe de maturité.
Je m’acquitterai de mes devoirs, conscient de mes responsabilités, a-t-il déclaré.
Vêtu du costume jaune réservé aux princes mineurs, avant de revêtir un habit sombre destiné aux membres adultes. Ce passage marque officiellement son entrée dans le cercle restreint des garants de la continuité dynastique.
Une lignée masculine sous tension
La succession au trône du Chrysanthème reste un sujet brûlant. Depuis 1947, la loi interdit aux femmes d’accéder au trône, excluant notamment la princesse Aiko, fille unique de l’empereur Naruhito, pourtant très populaire auprès des Japonais. D’après un sondage Kyodo, neuf citoyens sur dix soutiennent l’idée qu’une femme puisse régner. Mais la naissance de Hisahito, en 2006, avait mis un terme au débat engagé pour moderniser la règle.
Aujourd’hui, l’ordre de succession est limpide : le prince héritier Fumihito (59 ans), puis son fils Hisahito (19 ans), suivis du prince Masahito de Hitachi, 89 ans, sans descendance. Cette configuration illustre à la fois la fragilité et l’importance stratégique de l’unique héritier masculin, sur qui reposent les attentes d’un pays entier.
Tradition, modernité et pressions familiales
Si la famille impériale ne détient plus de pouvoir politique, elle demeure une force symbolique de cohésion nationale, enracinée dans le shintoïsme et une lignée revendiquée depuis plus de 2 600 ans. Mais derrière la façade, les tensions persistent. L’impératrice Masako a longtemps souffert des attentes liées à la naissance d’un fils, et la princesse Mako, sœur aînée de Hisahito, a quitté le Japon après avoir épousé un roturier, pour échapper à la pression médiatique.
Les conservateurs s’accrochent au maintien d’une lignée exclusivement masculine, quitte à réintégrer des parents éloignés. Les réformateurs, eux, plaident pour que les femmes de la famille impériale puissent conserver leur statut après le mariage et jouer un rôle public. Le cas de Hisahito cristallise ainsi un choix crucial : maintenir la tradition coûte que coûte, ou ouvrir l’institution aux évolutions du XXIe siècle.