Manuel Valls prend la plume. Dans une tribune publiée dans Le Monde, l’ancien Premier ministre, aujourd’hui ministre des Outre-mer, défend l’accord de Bougival face aux critiques.
Il appelle à mettre fin à l’impasse prolongée qui paralyse la Nouvelle-Calédonie et plaide pour un compromis exigeant, capable de donner un avenir clair au territoire.
Bougival, une chance à saisir
Pour Manuel Valls, l’accord de Bougival représente une « opportunité historique ». Contrairement aux critiques, il ne s’agit pas d’un texte symbolique mais d’un projet qui prévoit la création d’un État de Nouvelle-Calédonie doté de compétences propres et reconnu par la communauté internationale.
Rejeter Bougival, explique-t-il, c’est condamner le territoire à l’instabilité institutionnelle, au blocage politique et à l’affaiblissement d’un tissu économique et social déjà éprouvé par les crises.
Le ministre rappelle que la jeunesse calédonienne attend des perspectives concrètes : formation, emploi, stabilité. Or, l’enlisement actuel ne produit que frustration et incertitude.
Le FLNKS, acteur mais pas unique maître
Valls prend soin de rappeler que le FLNKS a évolué. En 2025, ce mouvement n’a plus la cohésion de 1988 ou de 1998. Les violences de mai 2024 ont accéléré le retrait de deux composantes historiques : le Palika et l’UPM. Cette rupture démontre qu’il existe désormais une pluralité de voix dans le camp indépendantiste.
Le FLNKS reste un interlocuteur central, mais il n’est pas « l’unique dépositaire de l’avenir du pays ». Pour Valls, les Loyalistes, la société civile, les coutumiers et les acteurs économiques doivent aussi être associés à l’écriture du futur. L’État, de son côté, ne doit pas « donner raison à une partie contre l’autre », mais garantir un chemin viable, pacifique et démocratique.
Un compromis exigeant mais durable
Valls insiste : Bougival ne ferme pas la porte à l’indépendance, mais il trace une voie médiane. Il reconnaît l’identité kanak, le droit à l’autodétermination et le processus de décolonisation, tout en garantissant que tout transfert de souveraineté devra être assumé par une majorité incontestable et durable.
Ce compromis, exigeant mais réaliste, refuse la logique du « tout ou rien ». C’est, selon Valls, le seul moyen d’éviter une nouvelle ère de fractures. L’ancien Premier ministre met en garde : l’histoire l’a montré avec Matignon et Nouméa, aucun accord n’a jamais été signé dans l’unanimité. Ils ont tous été contestés avant d’être validés dans les urnes.
Son message est clair : la Nouvelle-Calédonie mérite mieux que l’impasse. Elle mérite un accord politique fort, capable d’assurer la stabilité et l’avenir de tous.