Le 23 septembre, la Journée internationale des langues des signes, proclamée par l’ONU en 2017, met en lumière les 72 millions de sourds dans le monde et leurs 300 langues des signes. En Nouvelle-Calédonie, où l’inclusion reste un défi, cette journée appelle à reconnaître ces langues comme des outils d’identité et de communication, loin des approches victimisantes.
Une journée pour briser le silence des oubliés
Chaque 23 septembre, la Journée internationale des langues des signes, instaurée par l’ONU en 2017, célèbre l’identité linguistique et culturelle des 72 millions de personnes sourdes à travers le monde. Ces langues, plus de 300 au total, sont des systèmes naturels, distincts des langues parlées, et non de simples gestes. En Nouvelle-Calédonie, où les infrastructures pour les sourds restent limitées, cette journée est un cri de ralliement pour l’inclusion et la reconnaissance. Loin des discours larmoyants, elle met l’accent sur la dignité et l’autonomie des sourds, souvent marginalisés dans un monde conçu pour les entendants.
Les langues des signes ne sont pas un handicap, mais une richesse culturelle à préserver,
affirme un représentant associatif. Cette initiative, portée par la Fédération mondiale des sourds (WFD), vise à imposer une vérité : sans reconnaissance des langues des signes, l’égalité reste une illusion.
Une diversité linguistique méconnue
Les langues des signes ne se limitent pas à une gestuelle universelle. Avec plus de 300 variantes, de la langue des signes française (LSF) à l’américaine (ASL), elles reflètent la diversité culturelle des communautés sourdes. Une langue internationale (LSI) sert de pont lors des rencontres mondiales, mais chaque pays, chaque région, possède ses propres codes. En Nouvelle-Calédonie, la LSF domine, mais des spécificités locales émergent, mêlant influences kanakes et océaniennes. Pourtant, 80 % des sourds vivent dans des pays en développement, où l’accès à l’éducation en langue des signes est quasi inexistant.
Chaque langue des signes est un patrimoine. L’ignorer, c’est effacer une culture
explique une éducatrice spécialisée. En 2020, le Global Leaders Challenge de la WFD a poussé les gouvernements à intégrer ces langues dans les politiques publiques, un défi encore loin d’être relevé localement.
Impacts : des millions exclus, un coût social
Le manque de reconnaissance des langues des signes a des conséquences concrètes. Dans le monde, 90 % des enfants sourds n’ont pas accès à une éducation adaptée, les condamnant à l’isolement social et économique. En Nouvelle-Calédonie, où les écoles spécialisées sont rares hors Nouméa, les sourds peinent à s’intégrer. Les entreprises, souvent réticentes à adapter leurs environnements, aggravent cette exclusion. Les coûts sont lourds : chômage élevé, dépendance aux aides sociales, et un sentiment d’abandon.
Sans langue des signes, un sourd est coupé du monde. C’est une injustice silencieuse,
déplore un formateur en LSF. La Journée internationale du 23 septembre met en lumière ces fractures, appelant à des formations pour enseignants, des technologies comme les applications de traduction, et une sensibilisation des employeurs.
Perspectives : vers une inclusion réelle
Le 23 septembre n’est pas un simple hommage ; c’est un appel à l’action. La WFD et l’ONU poussent pour des lois reconnaissant les langues des signes comme officielles, à l’image de la Nouvelle-Zélande. En Nouvelle-Calédonie, des initiatives locales, comme des ateliers LSF dans les écoles ou des partenariats avec des associations, commencent à émerger. Mais il faut aller plus loin : intégrer la LSF dans les programmes scolaires, former des interprètes, et équiper les administrations.
L’inclusion commence par l’écoute, pas par la pitié. Donnons aux sourds leur voix
insiste une militante. L’objectif est ambitieux : d’ici 2030, garantir l’accès à l’éducation en langue des signes pour 50 % des enfants sourds. En Calédonie, cela passe par des financements ciblés et une volonté politique forte.
Le 23 septembre, la Journée internationale des langues des signes rappelle une vérité brutale : ignorer les langues des signes, c’est exclure des millions de personnes. En Nouvelle-Calédonie, où les défis d’inclusion sont criants, cette journée doit être un électrochoc. Éducation, emploi, reconnaissance : il est temps de donner aux sourds les outils pour s’exprimer. La culture des signes n’est pas un fardeau, mais un pont vers l’égalité.