Maire, sénateur, ministre des Outre-mer puis des Armées, Sébastien Lecornu accède à Matignon à 39 ans. Connu pour sa maîtrise des dossiers, il est respecté par les militaires qu’il a dirigés.

Le président de la République n’a pas tardé à choisir le successeur de François Bayrou. Ce mardi 9 septembre, Emmanuel Macron a choisi l’un de ses ministres les plus proches pour rejoindre Matignon en désignant Sébastien Lecornu. Pas une surprise, tant l’agenda de ce dernier a évolué, ses derniers jours, en multipliant les déplacements les « plus importants », expliquait au JDD l’un de ses proches, jeudi 4 septembre, lors d’un déplacement en Hauts-de-Seine.
Malgré son jeune âge, 39 ans, le nouveau « PM » est un homme politique chevronné : maire de Vernon à l’âge de 34 ans, conseiller départemental puis président de l’Eure, sénateur, ministre des Outre-mer puis des Armées. Un parcours remarquable qui le place désormais en première ligne du front : celui de créer une coalition capable de gouverner le pays, après qu’Emmanuel Macron a consommé deux Premiers ministres en l’espace d’un an.
Fin politicien et très apprécié de ses équipes, sera-t-il capable de rassembler à gauche comme à droite ? « Le président tire la dernière cartouche du macronisme, bunkerisé avec son petit carré de fidèles », réagit Marine Le Pen après l’annonce de la nomination du nouveau Premier ministre. Sera-t-il censuré pour autant par le RN, qui réunit plus de 120 députés ? Un parlementaire explique au JDD que Sébastien Lecornu bénéficie « d’une certaine sympathie » car il a « toujours » pris soin d’écouter les oppositions dans le cadre de ses auditions devant les commissions du Sénat et de l’Assemblée nationale.
« Il s’est battu pour le budget des armées »
Déjà pressenti comme Premier ministre il y a neuf mois, le président de la République lui avait préféré François Bayrou dans un ultime rebondissement. À l’époque, Sébastien Lecornu avait confié au JDD ne pas avoir été déçu par le choix d’Emmanuel Macron, tout en disant « continuer à vivre le rêve de sa vie », à savoir être ministre des Armées. Du côté de la Grande Muette, il est connu pour connaître ses dossiers sur le bout des doigts. « C’est un homme respecté et dont on se souviendra », affirme un gradé au JDD. Un autre ajoute : « C’est quelqu’un qui s’est battu pour les budgets. Il l’a fait par conviction, pas juste pour la beauté du geste ».
Souvent au contact des troupes, l’homme se déplaçait souvent dans les emprises militaires pour échanger avec les hommes et les femmes en uniforme. L’occasion était aussi pour lui de constater l’état, parfois vétuste, des installations des bases aériennes, navales ou encore des régiments. « Connaître les conditions de travail des militaires, c’était un sujet important pour lui », informe un marin. Très attaché à la thématique de « l’innovation », l’homme était encore sur le terrain la semaine dernière lors du lancement d’un supercalculateur pour l’intelligence artificielle.
Officier de réserve dans la gendarmerie et grand négociateur, c’est lui qui a dessiné les grandes lignes de la Loi de programmation militaire 2024-2030, dont le budget record s’élève à 413 milliards d’euros.« C’est son bébé », plaisante un amiral, qui souligne toute l’énergie qu’a mise l’ancien ministre des Armées pour arriver à ce chiffre. Citant quasiment systématiquement Pierre Messmer dans ses discours, Sébastien Lecornu suit la même trajectoire que l’un de ses modèles en passant de l’Hôtel de Brienne à Matignon.
Dans ses allocutions, le mot souveraineté résonne souvent, tout comme un autre personnage historique : le général de Gaulle. La route de ce dernier l’a conduit à l’Élysée. Le chemin que veut suivre Sébastien Lecornu avant 2027 ?
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