La Nouvelle-Zélande veut rejoindre les BRICS pour peser dans le jeu mondial. Un choix qui pourrait bouleverser ses alliances traditionnelles.
Un pari stratégique inédit
La Nouvelle-Zélande n’exclut plus l’idée de rejoindre le bloc des BRICS, cette coalition emmenée par la Chine, la Russie, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud. Une hypothèse qui, il y a quelques années encore, aurait semblé inconcevable pour ce pays aligné sur l’Occident. Aujourd’hui, Wellington estime qu’un tel rapprochement pourrait lui offrir un avantage stratégique dans la région indo-pacifique, à l’heure où l’ordre mondial vacille.
Les BRICS ne cessent de prendre de l’ampleur : ils regroupent désormais l’Égypte, l’Iran, l’Arabie saoudite, l’Éthiopie, les Émirats arabes unis et l’Indonésie. Ensemble, ils contrôlent une part massive du PIB mondial et des ressources énergétiques. Ce poids économique attire des États comme la Nouvelle-Zélande, désireux de ne pas rester spectateurs face à la montée d’un monde multipolaire.
Mais cette démarche soulève une question : Wellington est-il prêt à fragiliser ses alliances historiques avec les États-Unis et ses partenaires occidentaux pour gagner de l’influence auprès des puissances émergentes ?
Opportunités économiques et risques diplomatiques
Pour le gouvernement de Winston Peters, rejoindre les BRICS offrirait une double opportunité : accroître le commerce avec les géants émergents et renforcer son influence diplomatique. Les BRICS promettent un principe de solidarité collective, une voix commune pour remodeler les institutions internationales dominées par l’Occident.
Sur le plan économique, la perspective est tentante. Les BRICS veulent créer des alternatives au FMI et à la Banque mondiale, deux institutions accusées de refléter les priorités de Washington et Bruxelles. Pour un petit État comme la Nouvelle-Zélande, intégrer ce cercle permettrait d’accéder à de nouvelles sources d’investissement, notamment chinoises et indiennes.
Mais le revers est tout aussi évident. Un rapprochement trop appuyé avec Pékin ou Moscou risquerait d’éroder la confiance des alliés traditionnels. Les États-Unis, partenaire historique en matière de défense et de renseignement via l’alliance Five Eyes, pourraient voir cette orientation comme une trahison stratégique. L’Europe aussi pourrait réduire ses coopérations économiques si Wellington s’aligne trop visiblement sur le bloc concurrent.
Un test de souveraineté face à l’Occident
Ce projet d’adhésion révèle une transformation profonde : la Nouvelle-Zélande veut peser seule dans un monde en recomposition. Déjà liée à la Chine par un accord de libre-échange, déjà engagée auprès de la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures, Wellington a prouvé sa capacité à diversifier ses partenariats sans rompre avec l’Occident.
La vraie question est désormais politique : la Nouvelle-Zélande peut-elle devenir un membre actif des BRICS sans se couper de ses alliés historiques ? Les dirigeants néo-zélandais mettent en avant une approche pragmatique : il ne s’agit pas d’abandonner les États-Unis ou l’Europe, mais de garantir à leur pays une place dans un monde multipolaire dominé par de nouveaux équilibres.
Dans la région indo-pacifique, cette décision serait un signal fort. En rejoignant les BRICS, la Nouvelle-Zélande afficherait une indépendance stratégique rare parmi les démocraties occidentales. Mais ce choix l’exposerait à une pression accrue : d’un côté, les attentes de Pékin et Moscou ; de l’autre, la méfiance de Washington et Canberra.
Au fond, Wellington cherche à naviguer entre deux blocs. Mais dans un monde de plus en plus polarisé, il sera difficile de rester au milieu du gué.