Un coup de massue injuste, tombé en pleine crise politique. Fitch frappe la France avec brutalité, et la polémique enfle déjà.
Une décision précipitée et punitive
Vendredi soir, Fitch Ratings a abaissé la note souveraine de la France de AA- à A+, accusant le pays de paralysie politique et de déficits hors de contrôle. Pourtant, ce verdict paraît excessif et injustifié.
D’abord, la temporalité interroge : un nouveau Premier ministre vient d’entrer en fonction et a lancé un cycle de concertation pour bâtir un budget crédible. Fitch refuse le bénéfice du doute et fige la France dans une photo d’instabilité passagère. Plus troublant encore : en mars, l’agence avait toléré un budget voté hors délai. Pourquoi ce soudain durcissement, sinon par mimétisme avec les marchés plutôt que par une véritable indépendance d’analyse ?
Cette dégradation ressemble moins à un diagnostic objectif qu’à un coup de pression politique, qui alourdit encore le climat déjà tendu.
Une comparaison biaisée avec nos voisins
Le contraste est frappant. L’Italie (138 % de dette/PIB) ou l’Espagne (A-) bénéficient aujourd’hui de conditions de financement plus favorables que la France, alors même que leur endettement est supérieur ou comparable. Comment expliquer que la deuxième économie de la zone euro, dotée d’une démographie plus dynamique, d’une industrie solide et d’un fort pouvoir d’attraction pour les investisseurs étrangers, soit traitée plus sévèrement ?
Ce jugement inéquitable sous-estime la force structurelle de l’économie française : puissance agricole et industrielle, à l’avant-garde de l’innovation, pivot central de l’UE dont la stabilité reste vitale pour tous. Fitch ferme les yeux sur ces réalités et choisit de sanctionner la France de façon isolée.
En vérité, cette notation est moins une analyse économique qu’un signal politique adressé à un pays jugé ingouvernable.
Un verdict à effet auto-réalisateur
La sanction n’est pas seulement symbolique : elle pèse directement sur le portefeuille des Français. Les investisseurs étrangers, qui détiennent 54 % de notre dette, pourraient exiger des taux plus élevés. La charge de la dette, déjà de 58,8 milliards d’euros (7 056 milliards CFP) en 2024, pourrait bondir à 107 milliards d’euros (12 840 milliards CFP) en 2029. Mais ici encore, l’effet pervers est évident : en dégradant la note, Fitch contribue elle-même à aggraver le problème qu’elle dénonce.
Cette logique n’est pas nouvelle : en 2008, les agences de notation avaient surestimé la solidité des subprimes avant de provoquer une crise mondiale. Leur crédibilité n’est pas absolue, et leur rôle reste controversé.
En réalité, la dette française demeure soutenable : détenue à long terme, adossée à un marché secondaire profond, et encore très prisée par les investisseurs. Fitch le sait, mais préfère amplifier le risque.
Ce verdict ressemble donc moins à un avertissement économique qu’à un jugement politique travesti en notation financière.