Son histoire a bouleversé la Nouvelle-Calédonie. Le témoignage de Charlyne, 29 ans, contrainte à la prostitution depuis les émeutes du 13 mai, a été lu des dizaines de milliers de fois, partagé massivement, et suscité des centaines de réactions. Entre colère, compassion et appel à l’action, les lecteurs et la solidarité calédonienne se sont unifiés. Et parmi eux, un internaute anonyme a décidé de changer concrètement le destin de cette jeune maman.
Une onde de choc sur les réseaux
« Ce n’est pas Charlyne qui se prostitue, c’est une société qui l’y contraint », écrit un lecteur indigné. « Comment pouvons-nous la contacter pour l’aider, elle et ses enfants ? », demande une autre. Les réactions affluent, et elles disent toutes la même chose : ce drame est d’abord celui d’un pays qui n’a pas su protéger ses plus fragiles.
Les mots sont souvent durs. « Quand le chaos économique transforme une mère en marchandise, c’est l’échec collectif », accuse un internaute. D’autres pointent les institutions : « La CAFAT et le RUAM finiront par lui mettre la tête sous l’eau ». Mais beaucoup expriment surtout une immense compassion : « Le courage d’une mère pour ses enfants », « Vraiment désolé du fond du cœur », « Quelle triste réalité ».
Un inconnu tend la main
Au milieu de cette vague d’émotion, un message s’est détaché. Celui d’un internaute qui a choisi de rester anonyme. Touché par son histoire, il a proposé à Charlyne un poste de serveuse, son ancien métier.
J’ai lu son témoignage et j’ai vu ma propre sœur, ma cousine, une amie. Personne ne devrait être forcée de vendre son corps pour survivre. J’avais une place dans mon établissement, je n’ai pas hésité. Si ça peut lui permettre de se relever, alors j’aurai fait ma part,
explique-t-il.
Charlyne, entre peur et soulagement
Quand nous la contactons, Charlyne n’arrive toujours pas à réaliser.
Je pensais que mon histoire allait disparaître dans l’oubli. Et puis, j’ai reçu cette proposition… Je vais reprendre un tablier. Je vais pouvoir dire à mes enfants que maman travaille dans un restaurant. Rien que ça, ça vaut tout l’or du monde.
La voix tremblante.
Bien sûr, j’ai peur. Peur de ne pas être à la hauteur, peur que ça ne dure pas. Mais c’est une peur positive. Ce n’est plus la peur d’un client violent ou d’une humiliation.
Une société qui s’interroge
Au-delà du cas individuel, les réactions disent quelque chose de plus profond. Le malaise d’un territoire où la pauvreté pousse des femmes à des choix impossibles. « Ce n’est pas une fatalité, c’est une conséquence de nos blocages », écrit un lecteur. Un autre ajoute : « Notre pays pourrait nourrir deux fois sa population, et pourtant nous en sommes réduits à ça. »
Entre ceux qui accusent les indépendantistes, et ceux qui rappellent que « la prostitution existait déjà avant le 13 mai », le débat s’ouvre. Mais une certitude s’impose : le témoignage de Charlyne a mis des mots sur une réalité trop souvent invisible.
Un nouveau départ
Mercredi prochain, Charlyne commencera son premier service dans un restaurant de Nouméa. Elle a déjà choisi sa tenue : un jean, un polo noir, et ce sourire timide qu’elle croyait perdu.
J’ai hâte. Pour la première fois depuis longtemps, j’ai l’impression d’avoir un avenir, et ça, c’est grâce à la solidarité de chez nous
Une phrase résonne comme un symbole : « Ce n’est pas une vie, c’est une survie », confiait-elle il y a quelques jours. Aujourd’hui, Charlyne veut croire que cette survie peut enfin se transformer en vie.
 
		














