Elles sont des dizaines, parfois depuis vingt ans, au service des plus fragiles. Ces auxiliaires de vie, conventionnées par la DASS et la CHD, voient leur quotidien basculer : le gouvernement a décidé de leur retirer leur convention pour confier le marché à des sociétés privées.
Nous avons appris en fin d’année dernière que l’on nous retirait notre convention sous prétexte que notre travail n’est pas contrôlable… tout ça au profit des sociétés déjà existantes et qui, elles, sont payées plus cher par le service ASH de la cafat qui lui même est mandaté par la CHD,
dénonce Sabine, auxiliaire de vie patentée depuis vingt ans.
Des familles déstabilisées
Ces femmes interviennent auprès des personnes âgées et des personnes handicapées bénéficiant du PAP (Plan d’aide personnalisé). Leur mission ne se limite pas à une assistance matérielle : elles créent un lien de confiance et d’humanité.
Certains bénéficiaires refusent d’entendre parler de sociétés. Ils veulent garder leur auxiliaire de vie, avec qui ils ont construit une relation, Il faut laisser le choix aux patients
insiste Sabine.
Derrière ce choix administratif, ce sont donc des familles entières qui se retrouvent désorientées, privées d’un accompagnement stable, remplacé par une logique de prestataires anonymes.
Le silence assourdissant du Gouvernement
Face à cette décision, Sabine a frappé à toutes les portes.
J’ai contacté M. Santa, dont c’est le domaine, aucune réponse. J’ai écrit, relancé… rien,
confie-t-elle, amère.
Le constat est implacable : le ministre en charge ne répond pas, malgré la gravité de la situation.
Je ne cherche pas à harceler qui que ce soit, mais si personne ne répond, il faut que j’arrive à faire réagir les personnes qui ont pris cette décision sans nous concerter,
ajoute-t-elle.
Beaucoup se tournent naturellement vers la Province Sud, mais elle n’a pas de compétence dans le secteur. La présidente l’a confirmé à Sabine : ce dossier ne dépend pas d’elle. Le pouvoir de décision est entre les mains du gouvernement.
« Considérées comme des femmes de ménage »
Derrière la colère, il y a aussi une profonde blessure.
Je n’ai pas envie de me faire exploiter pour un travail qui est souvent dur sur le plan psychologique, et d’être payée et considérée comme une femme de ménage,
souffle Sabine.
Son témoignage illustre le sentiment d’abandon d’une profession indispensable, mais reléguée au second plan.
Le gouvernement fait ce qu’il veut, mais il n’a pas le droit de nous retirer notre boulot pour le donner aux sociétés,
estime-t-elle, après avoir consulté un avocat.
Un combat pour la dignité
Aujourd’hui, ces auxiliaires de vie ne demandent pas des privilèges, mais le respect de leur travail, de leur rôle social et du lien humain qu’elles construisent chaque jour. « J’ai pensé à vous, aux journaux, même à écrire directement sur la page du gouvernement », conclut Sabine, déterminée.
Le gouvernement, lui, reste muet.