Un homme au cœur des chasses à l’homme numériques
En Nouvelle-Calédonie, les réseaux sociaux ne sont plus seulement un outil de débat. Ils sont devenus l’arme de ceux qui veulent intimider, salir, détruire. Depuis plusieurs mois, des militants radicaux y orchestrent de véritables chasses à l’homme. Une photo, un nom, une rumeur : il n’en faut pas plus pour déclencher un torrent d’insultes et de menaces. Au centre de ce système, un nom revient sans cesse : Yannick Jehanno.
L’affaire Nassare, symbole de la dérive
Le 12 septembre, Jehanno publie sur sa page Facebook la photo et l’identité complète de Sylvain Nassare. En quelques heures, ce citoyen devient la cible d’un déferlement. On l’insulte : « fils de pute », « race de chien » (NDLR : Sylvain est Wallisien). On invente des histoires sur lui. On appelle même à sa mort. Dans les commentaires, on lit noir sur blanc : « Tué le », « On le tient par la queue », « Attraper le et enterrer le dans le minerai ce bâtard chien ». Plus grave encore, son lieu de travail supposé est diffusé. Une mise en danger directe, qui pousse Nassare à porter plainte pour diffamation, injures publiques, menaces de mort et harcèlement en ligne.
Un bénévole devenu cible
Pourtant, Sylvain Nassare n’avait rien d’un acteur politique. C’est comme bénévole qu’il s’est fait connaître pendant les émeutes de mai dernier. Avec un groupe d’amis, il avait monté une petite équipe pour livrer des denrées de première nécessité dans les quartiers bloqués. Nourriture, eau, médicaments de base : ces livraisons improvisées ont permis à de nombreuses familles coupées du reste du territoire de tenir dans les moments les plus critiques. Aujourd’hui, c’est cet homme-là que Jehanno choisit de désigner comme cible, en l’exposant à la vindicte publique. Une ironie amère pour ceux qui l’ont vu risquer sa sécurité pour aider les autres.
Un récidiviste déjà condamné en Polynésie
Ceux qui suivent Jehanno savent que ce n’est pas un dérapage isolé. C’est une méthode. Avant de s’installer dans le paysage numérique calédonien, il s’était déjà fait remarquer en Polynésie. En 2017, le tribunal correctionnel de Papeete l’avait condamné pour diffamation, aux côtés de l’ancien directeur de la Dépêche de Tahiti, Pierre Marchesini. À l’époque, il accusait Nuihau Laurey, vice-président de la Polynésie, d’être « vendu à une multinationale » et « lié à EDT ». Le jugement avait été sans appel : amende, dommages et intérêts, frais de justice.
Mais Jehanno n’a jamais admis ses torts. Bien au contraire. Il a multiplié les sorties virulentes, allant jusqu’à s’en prendre au procureur Leroy dans une lettre ouverte où il accusait la justice de protéger « les pratiques mafieuses » d’Engie et du gouvernement polynésien. Ce ton outrancier, mélange de grandes dénonciations sans preuve et d’attaques personnelles, est devenu sa signature. Déjà à Tahiti, il s’était enfermé dans une logique de victimisation, brandissant l’étendard du “lanceur d’alerte” pour masquer une simple obsession : salir et accuser.
Le provocateur permanent
En Nouvelle-Calédonie, Jehanno n’a rien changé à sa stratégie. « Plus indépendantiste que les indépendantistes », il multiplie les attaques contre Sonia Backès, Philippe Blaise, Nicolas Metzdorf et d’autres. Mais surtout, il s’en prend à des citoyens ordinaires, sans responsabilités publiques, qu’il expose volontairement à la haine de ses soutiens. Ce n’est plus du militantisme. C’est une mécanique de harcèlement.
La fabrique du mensonge
Le scénario est toujours identique. D’abord une cible. Ensuite une photo, un nom, une insinuation malveillante. Enfin, la meute qui s’emballe, jusqu’à l’appel au meurtre. Dans l’affaire Nassare, les preuves sont là. Les insultes, les menaces, les phrases terribles qui circulent librement sur les réseaux : « Tué le », « On le tient par la queue », « Attraper le et enterrer le dans le minerai ». Chaque mot est une preuve de plus que l’on n’est pas dans le débat, mais dans la violence organisée.
La fin de l’impunité
Pendant longtemps, Jehanno a semblé intouchable. Trop bruyant, trop radical, trop utile pour certains. Mais l’impunité a ses limites. Les plaintes s’accumulent et la justice avance. Contrairement aux réseaux sociaux, elle ne se nourrit pas de rumeurs mais de faits. Et les faits sont accablants : Jehanno est un récidiviste, déjà condamné, qui continue d’utiliser la calomnie comme arme et la peur comme méthode.
Un poison pour la démocratie locale
Dans une Nouvelle-Calédonie encore fragile, où l’apaisement institutionnel est vital, les pratiques de Jehanno ne sont pas une anecdote. Elles sont un poison. La démocratie suppose le débat, la contradiction, la liberté d’expression. Mais il ne s’agit pas ici de débat : il s’agit de lynchage numérique, de harcèlement en meute, de mise en danger de citoyens qui n’ont rien demandé.
L’heure des comptes
Cette fois, l’histoire pourrait bien se terminer autrement. Les plaintes s’empilent, la justice s’en saisit. Et Yannick Jehanno, l’agitateur qui croyait pouvoir se cacher derrière un écran, devra répondre de ses actes là où il n’a jamais aimé se trouver : devant un tribunal. Pour lui, le réveil risque d’être brutal.