Du 1er au 10 octobre, Origin Cinéma reçoit Martine Perret pour le Mois du Corps & de la Spiritualité. Photographe et artiste visuelle franco-australienne, elle revendique un art où paysages, corps et mémoire dialoguent. De ses projets en Australie aux perspectives ouvertes en Nouvelle-Calédonie, son travail pose une question simple : comment l’art peut-il devenir un pont entre visible et invisible ?
Une double culture comme moteur créatif
Martine Perret affirme que sa pratique est guidée par deux héritages : la rigueur narrative et symbolique française d’un côté, la liberté créative et instinctive australienne de l’autre. Cette combinaison nourrit un regard sensible sur les cultures en marge et les territoires oubliés. En Australie, elle s’est notamment intéressée aux communautés aborigènes et aux langues menacées, convaincue que « mémoire et identité se lisent dans la terre autant que dans les mots ».
Des projets mêlant terrain, image et mémoire
Ses séries les plus marquantes, Gungurrunga Ngawa, Ngala Wongga et Djanga Spirit, associent photographies aériennes, portraits, vidéos et enregistrements sonores. Pendant 18 mois, elle a parcouru plus de 25 000 km dans les Goldfields australiens pour documenter la disparition des langues locales. Le résultat : des expositions immersives où l’art visuel se double d’un travail d’archives et de témoignages. Plus qu’un style, c’est une démarche : donner voix à ce qui disparaît et montrer la relation intime entre culture et territoire.
Corps, danse et spiritualité
L’artiste a également collaboré avec la danseuse Dalisa Pigram dans le projet Nijiniji, où le corps devient vecteur d’émotions et de mémoire. À travers la photographie et la vidéo, elle cherche à traduire ce qui se ressent plus qu’à montrer ce qui se voit. Elle parle d’une véritable « méditation visuelle », où l’art sert de passerelle entre matériel et spirituel. Cette approche s’exprime aussi dans Djanga Spirit, une série qui associe portraits d’aînés Wardandi et paysages nocturnes illuminés, pour dire le lien entre esprit, terre et identité.
Une première venue en Nouvelle-Calédonie
Pour Martine Perret, venir à Nouméa est une opportunité unique de partager mais aussi d’écouter. Elle souhaite s’inspirer des récits locaux et envisage, si l’occasion se présente, un projet spécifique lié aux cultures et aux mémoires calédoniennes. Son ambition est claire : bâtir un dialogue respectueux et collaboratif avec les communautés, comme elle l’a fait en Australie.
Avec son regard nourri par deux cultures et une pratique ancrée dans la mémoire des peuples, Martine Perret propose à Nouméa un art exigeant mais accessible. Une émotion et une connexion, voilà ce qu’elle veut offrir au public calédonien.