Deux soirs seulement pour découvrir un spectacle qui promet de marquer la rentrée culturelle. Avec Australiana, la compagnie Play It Again propose une immersion dans l’univers du bush australien, entre théâtre et musique live. Loin d’un folklore plaqué, la pièce entend raconter une histoire universelle, accessible dès 9 ans, où se croisent famille, adolescence, écologie et solidarité.
Une fable familiale au cœur du bush
Le décor est planté à Providence, petite ville imaginaire mais terriblement familière. Nora, 16 ans, vit avec sa mère Beckie et sa tante Kate. Les relations sont tendues, les secrets trop lourds, et l’adolescence vient bousculer un équilibre fragile.
Chaque famille connaît ce moment où tout bascule
expliquent les créateurs. Le bal de l’Orange, événement annuel qui rassemble toute la communauté, devient alors le catalyseur des vérités. Autour, un voisin maladroit mais généreux, Kramer, et même des fées de la forêt tropicale qui veillent discrètement sur Providence. Résultat : une fable tendre, parfois grinçante, mais profondément humaine.
Quand la musique raconte autant que les mots
Ici, la musique n’est pas un décor mais un personnage à part entière. Guitare, banjo, basse, batterie et même didjeridoo accompagnent la pièce.
Le folk avance, la fiction respire
résume l’équipe. Les références musicales puisent dans la culture australienne contemporaine, de Midnight Oil à Kylie Minogue, sans oublier les Warumpi Band, pionniers du rock aborigène.
Sur scène, trois musiciens jouent à vue. L’énergie folk rythme les dialogues, donne souffle aux silences, soutient les émotions. Un pari artistique fort : éviter l’illustration facile pour faire de la musique une véritable colonne vertébrale.
Une équipe calédonienne au service d’un projet universel
La mise en scène est confiée à Éléonore Lainé Forrest, également comédienne dans le rôle de Beckie. Robin Canac assure la direction musicale et artistique, accompagné de Cédric Languepin à la création sonore et de Laurent Lange aux lumières. Tous ont cherché à recréer les couleurs du bush australien : ocres, verts intenses, atmosphères contrastées.
La distribution réunit des générations différentes. La jeune Maïlys Dumoulin incarne Nora, premier grand rôle à 16 ans. Sam Kagy prête sa solidité à Kate, tandis que Vincent Kerriguy campe Kramer, voisin touchant et gaffeur. Autour d’eux gravitent comédiens, musiciens et voix off, formant une troupe soudée et généreuse.
Une pièce joyeuse mais pas naïve
Sous ses airs de feel-good story, Australiana aborde des thèmes sérieux : l’adolescence, la condition féminine, les fractures sociales, la pression des projets miniers.
S’il fait apparaître les mesquineries qui divisent, il veut surtout témoigner de la solidarité
soulignent les auteurs. Le spectacle assume un parti pris rare : défendre la gentillesse. Pas comme une faiblesse, mais comme une force. Une manière de dire que le théâtre peut proposer d’autres modèles, loin des crispations. Ici, la communauté tient bon face aux secousses, et les personnages grandissent par la rencontre et l’écoute.
Un rendez-vous familial et accessible
La compagnie insiste : Australiana se veut un spectacle populaire et fédérateur. Durée : 1h30. Public : dès 9 ans. Deux représentations sont prévues au Théâtre de l’île, samedi 20 et dimanche 21 septembre à 18h.
Les tarifs sont volontairement accessibles : 2 800 F en plein tarif, 1 800 F pour les moins de 12 ans. Les billets sont disponibles en ligne sur www.tickets.nc. Une séance scolaire est prévue le lundi 22 septembre au matin, preuve de la volonté d’aller à la rencontre des plus jeunes.
Pourquoi il faut y aller
Parce que ce spectacle raconte l’Australie mais parle de nous tous : les liens familiaux, les tensions adolescentes, l’écologie au quotidien. Parce qu’il mêle théâtre et musique live, rare combinaison sur la scène calédonienne. Et surtout parce qu’il choisit de montrer la solidarité plutôt que les divisions.
Ce n’est pas de la naïveté de croire au rôle du théâtre
affirment les créateurs. À travers ce spectacle, ils défendent l’idée que la culture peut encore réconcilier et rassembler.