Le 19 septembre 1940, la Nouvelle-Calédonie entre dans l’Histoire en se ralliant au général de Gaulle et à la France Libre. Quatre-vingt-cinq ans plus tard s’est tenue à Nouméa une cérémonie solennelle, sur l’esplanade de la Croix de Lorraine, symbole intemporel de ce choix de courage et de fidélité. Cet anniversaire rappelle que, loin de toute victimisation, les Calédoniens ont fait le choix clair et volontaire de défendre la patrie et ses valeurs universelles.
Le ralliement héroïque du 19 septembre 1940
Alors que l’armistice de Pétain désarmait une France abattue, la Nouvelle-Calédonie refusa la soumission. Dès juin 1940, des notables et des citoyens se mobilisèrent pour continuer le combat aux côtés des Alliés. Le 24 juin, le Conseil général du territoire adopte à l’unanimité une résolution rejetant l’armistice. Quelques jours plus tard, le notaire Michel Vergès rédige un manifeste qui recueille plus de mille signatures appelant à soutenir l’Angleterre et à créer une assemblée représentative.
Face à l’hésitation des autorités locales, un Comité de Gaulle clandestin se forma sous l’impulsion de Raymond Pognon, colon de Bourail. Pendant ce temps, le gouverneur Pélicier, incapable d’incarner l’autorité, fut remplacé par le colonel Denis, fidèle au régime de Vichy. Mais l’élan populaire dépasse les intrigues administratives.
Le 19 septembre 1940, le croiseur australien Adélaïde accoste à Nouméa avec à son bord Henri Sautot, envoyé spécial du général de Gaulle. La population l’accueille en masse, citadins et broussards réunis, tandis que les artilleurs calédoniens refusent de tirer sur le navire allié. Denis capitule, mis en résidence surveillée, et la Nouvelle-Calédonie devint l’un des premiers territoires français à rejoindre officiellement la France Libre.
Une terre stratégique au cœur de la guerre du Pacifique
Ce choix courageux eu immédiatement un impact militaire majeur. Dès mai 1941, les volontaires calédoniens forment le Bataillon du Pacifique, qui combattra héroïquement en Afrique du Nord, au Levant et jusqu’en Italie. Leur sacrifice incarne l’engagement d’un territoire qui, loin d’être marginal, s’inscrit au cœur du combat mondial.
L’attaque de Pearl Harbor en décembre 1941 transforme la donne. Les États-Unis décident d’installer en Nouvelle-Calédonie une gigantesque base arrière, point névralgique pour les batailles de Guadalcanal, Midway et la mer de Corail. Jusqu’à 120 000 soldats alliés stationnent dans l’archipel. Nouméa devint alors une capitale militaire du Pacifique, véritable verrou face à l’expansion japonaise.
Sans le ralliement de 1940, jamais la Nouvelle-Calédonie n’aurait jamais pu jouer ce rôle décisif dans la victoire alliée. Ce territoire lointain a prouvé qu’il était une pièce maîtresse de la stratégie mondiale.
Mémoire et fidélité à la France Libre
L’engagement de la Nouvelle-Calédonie ne fut pas seulement militaire. Il fut moral et politique, un acte de fidélité à la France et à ses valeurs. Le 24 avril 1946, l’archipel reçoit la Médaille de la Résistance, reconnaissance d’une bravoure collective. Henri Sautot et Michel Vergès sont faits Compagnons de la Libération, rejoignant le panthéon des héros gaullistes.
Au-delà des décorations, des symboles subsistent. La fameuse table de l’hôtel Paladini, où les broussards déposèrent leurs armes pour éviter une effusion de sang, a été conservée comme témoin d’une volonté d’unité nationale. Ces gestes illustrent que la Nouvelle-Calédonie n’a pas subi l’Histoire, mais qu’elle a choisi son camp : celui de la liberté, de la France et de la civilisation contre la barbarie nazie.
Aujourd’hui, à l’heure où certains tentent de réécrire ou de relativiser l’Histoire, cet anniversaire rappelle une vérité simple : la Nouvelle-Calédonie a toujours choisi la France. En 1940, elle a su dire non à Vichy et oui à de Gaulle, avec un courage qui force le respect et qui doit continuer d’inspirer les générations futures.