Le 9 septembre dernier, ASLOG NC a réuni à Station N, la FEINC et le Syndicat des importateurs et distributeurs pour les 1ers États Généraux de la Supply Chain en Nouvelle-Calédonie. Objectif affiché : co-construire une stratégie immédiate et durable pour sécuriser, accélérer et verdir nos flux, de l’achat au dernier kilomètre, en passant par la production, le stockage et le transport. Avec une cinquantaine d’acteurs privés et institutionnels mobilisés, l’ambition est claire : sortir de la réaction permanente et bâtir une logistique de résilience.
Un diagnostic partagé, une méthode simple : faire vite et faire bien
Les participants ont d’abord posé les bases : ruptures récurrentes, coûts volatils, dépendances exogènes, procédures lourdes et infrastructures sous tension. Plutôt que d’empiler les constats, la méthode retenue a été opérationnelle : ateliers courts, livrables concrets, priorités classées par impact/effort.
On ne veut plus subir, on veut agir
résume un industriel.
Stabiliser les délais et le service rendu
insiste un distributeur.
Réduire l’empreinte et le gaspillage logistique
ajoute une entreprise engagée dans l’économie circulaire.
En filigrane, un principe : mutualiser ce qui peut l’être, numériser ce qui doit l’être, former ceux qui feront.
Trois chantiers phares pour changer d’échelle
1) Visibilité bout-en-bout et alerte précoce
Construire un noyau de données partagé (prévisions, stocks, capacités, ETA navires/camions) pour anticiper les pénuries, lisser les pics et arbitrer rapidement.
Sans visibilité, on pilote au rétro
dit un logisticien.
Un même référentiel et des décisions plus rapides
complète un importateur.
2) Mutualisation intelligente des flux et des stocks
Tester des hubs communs pour certaines familles de produits, co-charger les conteneurs, regrouper les retours et optimiser le dernier kilomètre (zones urbaines denses).
Seul, on paye le vide
lâche un transitaire.
À plusieurs, on gagne des palettes et on perd du CO₂
réplique un distributeur.
3) Compétences, process et sobriété logistique
Standardiser quelques process clés (réception, contrôle qualité, reverse logistics), monter en compétences (planification, data, achats responsables), et écoconcevoir la chaîne (emballages réutilisables, réduction des kilomètres à vide).
La compétence, c’est l’assurance-vie de la filière
souligne un formateur.
La sobriété, c’est moins de coûts et plus de résilience
conclut un acteur de la grande conso.
Des résultats tangibles, vite : 90 jours pour prouver
Le collectif ne veut pas d’un énième catalogue de bonnes intentions. Cap sur des pilotes en 90 jours :
- Pilote “visibilité” : partage hebdo des stocks critiques et ETA sur un outil commun — « mieux vaut un Excel vivant aujourd’hui qu’une plateforme parfaite dans un an ».
- Pilote “mutualisation” : co-chargement de conteneurs sur deux routes prioritaires + pool de transport inter-enseignes sur un créneau urbain. « On mesure vite l’économie de palettes et de km ».
- Pilote “reverse” : flux retours/emballages réutilisables entre trois acteurs pour réduire les déchets et baisser les coûts de fin de chaîne.
- Pilote “formation flash” : modules planification & S&OP, achats responsables, data & prévisions pour 20 collaborateurs « utiles tout de suite, scalables demain ».
Gouvernance et sponsors : un écosystème qui s’organise
Le Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a été remercié pour son soutien, de même que les sponsors, GBNC News, Malongo NC, Packmee, VEGA Nouvelle-Calédonie, Transit Transport International, Logidis et les étudiants du Lycée pro Auguste Escoffier.
La relance passera par une vraie synergie public-privé
a martelé un représentant de la FEINC. ASLOG NC jouera le rôle de chef d’orchestre méthodologique, la FEINC celui de catalyseur économique, et les fédérations professionnelles celui de relais terrain.
Impacts attendus : service, coûts, carbone
- Service client : moins de ruptures, délais plus prévisibles, qualité de livraison renforcée.
- Structure de coûts : réduction des km à vide, taux de remplissage en hausse, stocks mieux placés.
- Empreinte : moins d’emballages jetables, moins d’allers-retours inutiles, trajectoires CO₂ documentées.
Ce qui se mesure s’améliore
rappelle un participant ;
ce qui s’améliore se finance
renchérit un autre.
Les États généraux de la supply chain marquent un tournant : passer du constat à l’exécution, du chacun pour soi à la coopétition. Si les pilotes 90 jours tiennent leurs promesses, la Nouvelle-Calédonie disposera dès cette année d’une chaîne plus fiable, moins coûteuse et plus sobre. À condition de maintenir l’alliance entre public, privé et formation et de mesurer pour répliquer.
@FEINC