Un pays coupé en deux. D’un côté, l’intersyndicale galvanisée par la CGT revendique plus d’un million de manifestants. De l’autre, l’État, chiffres précis en main, parle de 500.000 personnes dans la rue.
La mobilisation du 18 septembre a rassemblé des foules dans les grandes villes de France, mais aussi montré les limites d’un mouvement social en quête de souffle politique.
Plus de 500.000 manifestants d’après l’État, un million selon la CGT
Les chiffres de participation illustrent un éternel bras de fer. Le ministère de l’Intérieur recense 451.789 manifestants en région et 55.000 à Paris. La CGT, elle, double presque la mise en annonçant « plus d’un million » de participants. Cet écart n’est pas nouveau : il a déjà marqué les mobilisations contre la réforme des retraites en 2023. À l’époque, l’Intérieur parlait d’1,28 million quand les syndicats criaient à 3,5 millions.
Dans les cortèges de ce jeudi, la tension s’est ressentie jusque dans l’Éducation nationale. Un enseignant sur six était en grève, selon le ministère. Le Snes-FSU évoque même 45 % de grévistes dans le secondaire. Sur le terrain, 23 lycées ont été entièrement bloqués, 52 autres ont connu des blocages filtrants.
Des incidents en marge d’un mouvement globalement calme
Si la plupart des défilés se sont tenus dans un climat apaisé, des incidents ont éclaté à Paris et à Lyon. Au total, 309 interpellations ont été enregistrées, dont 31 dans la capitale, et 134 gardes à vue ont été prononcées au cours de la journée du 18 septembre 2025. Vingt-six membres des forces de l’ordre et autant de manifestants, dont un journaliste, ont été blessés.
La situation s’est tendue en soirée place de la Nation, où des affrontements ont opposé une partie des manifestants aux forces de l’ordre. À Bercy, un groupe de cheminots Sud-Rail a brièvement investi les locaux du ministère de l’Économie, sans violences ni dégradations, selon la préfecture.
Une intersyndicale ragaillardie, mais sans projet
Réunie pour la première fois depuis la bataille des retraites, l’intersyndicale espère peser sur les choix budgétaires du gouvernement. Sophie Binet (CGT) a salué « un succès », tandis que Marylise Léon (CFDT) a parlé d’« avertissement très clair » à l’exécutif. Mais derrière les slogans, difficile de ne pas constater les limites d’un mouvement enfermé dans ses habitudes.
La mobilisation du 18 septembre a dépassé celle du 10 septembre, née sur les réseaux sociaux (« Bloquons tout »), mais reste loin des pics atteints en 2023. Entre la défense du pouvoir d’achat et la dénonciation des coupes budgétaires, l’intersyndicale peine à proposer une vision d’avenir.
Le gouvernement, lui, s’appuie sur ses chiffres officiels et sur le retour à l’ordre pour maintenir son cap. Sébastien Lecornu, successeur de François Bayrou à Matignon, sait qu’une majorité silencieuse observe, lassée par la répétition des blocages et des cortèges.