La gratuité n’existe pas : ce sont toujours les contribuables qui paient. Ce lundi 15 septembre 2025, la Cour des comptes a livré un rapport au vitriol sur la gratuité des transports collectifs urbains. Une facture colossale, cachée derrière un discours « social » trop souvent déconnecté du réel.
Gratuité des transports : un gouffre à 15 milliards d’euros
Dans un document de 140 pages, la Cour des comptes rappelle une vérité dérangeante : les transports collectifs urbains coûtent chaque année 15 milliards d’euros (1 800 milliards de milliards CFP) de fonctionnement. Les recettes tarifaires, elles, ne couvrent que 41 % des dépenses. Le reste ? C’est le contribuable qui paie, via le budget général des communes, les impôts locaux ou encore le fameux « versement mobilité » prélevé sur les employeurs. Autrement dit, la gratuité n’a rien de « gratuit » : elle se traduit par une fiscalité plus lourde.
À titre de comparaison, ce coût annuel équivaut à 10 000 fois les privilèges des anciens de Matignon – voitures, chauffeurs, secrétariats. De quoi relativiser certains faux débats médiatiques.
Quand la démagogie tarifaire mine l’investissement
Depuis vingt ans, les collectivités ont choisi la modération tarifaire, multipliant réductions, gratuités et tarifs sociaux, parfois sans cohérence ni ciblage sur les plus modestes. Résultat : la contribution des usagers est en baisse constante et les investissements menacés. Les grands projets indispensables – verdissement des bus, extension des lignes, modernisation des infrastructures – se retrouvent compromis par manque de financement.
Le rapport pointe aussi un effet pervers : dans les grandes villes, la gratuité attire surtout ceux qui se déplaçaient déjà à pied ou à vélo. Exemple à Montpellier, où la hausse de fréquentation n’a pas réduit l’usage de la voiture, mais saturé un réseau déjà sous tension. L’illusion sociale se heurte donc à la réalité budgétaire et environnementale.
La Cour des comptes appelle à un sursaut de responsabilité
Face à ce constat, la Cour plaide pour redonner toute sa place au financement par les usagers. Augmenter les tarifs – sauf pour les plus défavorisés – n’apparaît pas comme une injustice mais comme une condition de survie du service. Les sondages menés à Lyon et Montpellier révèlent d’ailleurs que le prix n’est pas l’obstacle principal à l’usage des transports.
Le véritable enjeu est ailleurs : améliorer l’offre. Développer les lignes, renforcer la qualité de service, lutter contre la fraude et cibler les aides sur ceux qui en ont réellement besoin. Le rapport souligne aussi la nécessité de conditionner les aides de l’État à l’effort contributif des usagers. En clair, c’en est fini les collectivités qui veulent le beurre (des services gratuits) et l’argent du beurre (des subventions nationales).
Derrière le mirage de la gratuité se cache une vérité dure mais incontournable : sans contribution équitable des usagers, les transports collectifs ne pourront ni se moderniser, ni répondre aux défis écologiques. La Cour des comptes met chacun face à ses responsabilités : collectivités, contribuables, mais aussi citoyens, appelés à comprendre que payer son ticket, c’est garantir l’avenir de la mobilité.