Le 22 septembre 1981, la France s’offre un bijou technologique. Un train orange, futur symbole national, file à 260 km/h vers Lyon. C’est le TGV, première fierté industrielle de l’Europe du rail.
Un projet né sous De Gaulle et Pompidou, construit par Giscard, inauguré par Mitterrand, et qui a changé le visage de la France.
Le triomphe de l’industrie française
Le TGV Sud-Est, inauguré cette année-là, n’est pas seulement un train : il est le chef-d’œuvre du savoir-faire français. À l’époque, la SNCF et Alsthom parviennent à concevoir une machine capable de pulvériser les records mondiaux, dépassant le Shinkansen japonais. À 260 km/h, la France impose sa suprématie technique.
Le succès est immédiat. Paris et Lyon ne sont plus séparées que par deux heures quarante. Une révolution pour les voyageurs, un rétrécissement du territoire qui change la vie quotidienne. L’historien Fernand Braudel résumera d’un mot l’émotion collective : « La France rétrécit ».
Une œuvre collective, mais une vision politique claire
Il serait malhonnête de réduire l’épopée du TGV à une seule présidence. De Gaulle lance l’idée, Pompidou choisit la voie électrique, Giscard lance les travaux, et Mitterrand coupe le ruban. Derrière ce projet colossal, c’est la continuité de l’État qui triomphe. La France sait bâtir quand elle se hisse au-dessus des querelles partisanes.
Mais cette inauguration marque aussi un symbole politique. Mitterrand, président socialiste, se met en scène dans la cabine de pilotage. L’image est forte : la machine et la Nation fusionnent. Le discours, au Creusot, enfonce le clou :
Il s’agit d’une œuvre commune qui représente le meilleur de notre peuple.
Preuve que même la gauche reconnaît l’importance d’une industrie nationale puissante.
Le TGV, fierté nationale et héritage durable
Dès les années 1990, le TGV multiplie les records. En 1990, une rame Atlantique atteint 515 km/h. En 2007, une rame prototype file à 574,8 km/h, record mondial toujours inégalé pour un train classique. Mais l’exploit ne tient pas seulement à la vitesse : il transforme la géographie française. Nantes, Lille, Strasbourg, Marseille, Londres ou Bruxelles… toutes deviennent plus proches de Paris.
Avec le TGV, la France prouve qu’elle peut rivaliser avec les grandes puissances, et même les devancer. L’Allemagne et l’Italie suivront, mais c’est bien l’ingénierie française qui a ouvert la voie. À cette époque, la France est aussi celle du Concorde et du lancement d’Airbus A320 : un âge d’or industriel, où la Nation croyait en sa grandeur.
Aujourd’hui, le TGV reste un modèle exporté et copié, mais jamais égalé en fiabilité et en confort. Le nouveau TGV M, attendu en 2026, prolonge cette histoire glorieuse. Plus sobre, plus performant, il s’inscrit dans la continuité d’un demi-siècle d’excellence.
Le 22 septembre 1981, la France a pris une longueur d’avance. Le TGV n’est pas un simple train : il est un manifeste de puissance, un héritage industriel et un symbole de l’unité nationale. À l’heure où d’autres nations misent sur la technologie, la France ferait bien de se souvenir de ce que le TGV incarne : la victoire du génie collectif sur la résignation.