ÉDITO. Attaques contre CNews, milliards engloutis, perte de contrôle : l’affaire Legrand-Cohen révèle les failles d’un audiovisuel public en crise. Déni, gabegie, panique : trois mots pour décrire un système obèse, partisan et à la dérive.

Imaginez un navire qui prend l’eau de toutes parts. L’équipage, au lieu d’écoper, s’agite sur le pont et accuse les passagers d’avoir sabordé la coque. Plutôt que de sauver le bateau, il cherche des coupables. Voilà la scène surréaliste qu’offrent aujourd’hui les dirigeants de Radio France et de Francetv : un naufrage en direct.
L’affaire Legrand-Cohen a mis au jour ce que tout le monde savait déjà : la connivence idéologique entre une certaine gauche et l’audiovisuel public. Mais plutôt que de regarder la vérité en face, Vincent Meslet, Delphine Ernotte et consorts s’en prennent à ceux qui la rappellent : CNews, Europe 1, Le JDD. Le problème, pour eux, ce n’est pas la collusion révélée. C’est qu’on ose en parler.
Rien de nouveau sous le soleil : on tire sur le messager. Mais ici, le déni atteint des sommets. M. Meslet brandit le chiffon rouge de la « galaxie Bolloré ». Mme Ernotte, elle, sort l’arsenal idéologique : « chaîne d’opinion », « extrême droite ». Des mots qui, dans la bouche d’une responsable de service public, ne relèvent plus du débat mais de l’anathème. Une présidente ne devrait pas dire ça : non seulement parce qu’elle a un devoir de réserve, mais surtout parce qu’elle désigne des cibles.
Le plus inquiétant n’est pas leur colère, mais ce réflexe pavlovien : nier le problème à tout prix. Un huissier a pourtant confirmé l’authenticité des images. Peu importe. Les dirigeants préfèrent réécrire le scénario, quitte à sombrer dans l’irresponsabilité. Quand on attaque les critiques plutôt que les faits, c’est qu’on n’a plus rien à opposer. Voilà le déni.
La gabegie de l’audiovisuel public
C’est un gouffre. Chaque année, quatre milliards d’euros disparaissent pour faire tourner l’audiovisuel public, éclaté entre six opérateurs : France Télévisions, Radio France, France Médias Monde, ARTE, l’INA, TV5Monde. Un mastodonte financé à guichet ouvert par le contribuable. France Télévisions, d’abord : 2,57 milliards de budget… et malgré ça, un déficit de 41,2 millions en 2025. Radio France ensuite : 665 millions de budget, soit plus que toutes les radios privées réunies. Deux maisons, deux tonneaux percés, qui brassent des sommes colossales pour quel résultat ?
Car derrière les bilans, c’est une avalanche d’antennes : 14 chaînes de télévision, 59 stations de radio. Une machine hypertrophiée, incapable de se réformer. Et derrière, une armée de permanents : plus de 8 000 pour France Télévisions, 4 600 pour Radio France. Près de 16 000 employés au total. Une bureaucratie qui ferait pâlir n’importe quelle multinationale. Voilà la vérité : un système obèse, budgétivore, vissé à ses privilèges, incapable de se remettre en cause. On invoque « l’intérêt général », mais ce sont surtout les intérêts de ses propres structures qui sont protégés. Le contribuable paie, les dirigeants dépensent. Voilà la gabegie.
On les sent fébriles. Comme des funambules qui vacillent, les dirigeants de l’audiovisuel public ne tiennent plus l’équilibre. Leur nervosité dit tout : ils ne contrôlent plus le récit. L’affaire Legrand-Cohen n’est pas une bavure isolée, mais la goutte d’eau qui révèle une dérive ancienne, une partialité devenue système. Et ce système, aujourd’hui, craque.
Leurs attaques contre CNews ne sont pas des démonstrations de force. C’est tout l’inverse. Delphine Ernotte et Vincent Meslet peuvent bien agiter l’épouvantail de la « galaxie Bolloré », accuser l’extrême droite de tous les maux, cela ne masque pas la réalité. Ce qu’ils craignent, c’est que le voile se déchire. Que les Français découvrent que cette gauche morale qu’ils pensaient hégémonique n’est plus qu’une minorité assiégée par le réel : assiégée par l’insécurité qu’elle nie, par l’immigration qu’elle refuse de voir, par la colère d’un peuple qu’on insulte à longueur d’antennes.
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