Un couperet est tombé. Le recensement 2025 de la Nouvelle-Calédonie n’est plus une estimation : il est désormais officiel, validé par décret et publié au Journal officiel de la République française.
Un décret qui rend les chiffres incontestables
Le 19 septembre 2025, le Journal officiel a publié le décret n° 2025-966 du 18 septembre 2025. Ce texte, signé par le Premier ministre et le ministre de l’Économie, authentifie les résultats du recensement 2025 de la Nouvelle-Calédonie. Fini les débats, fini les incertitudes : la population municipale est arrêtée à 264 596 habitants, et la population totale, avec doubles comptes, à 320 019 habitants.
Ces chiffres entreront en vigueur au 1er janvier 2026 pour l’application de l’ensemble des lois et règlements. Désormais, toutes les politiques publiques, de la répartition des sièges électifs au calcul des dotations, s’appuieront sur cette nouvelle base démographique. C’est un fait juridique autant qu’un constat démographique : la Nouvelle-Calédonie a perdu près de 7 000 habitants en six ans.
Des provinces et communes aux dynamiques contrastées
Le décret fournit un détail précis, province par province, commune par commune. La photographie est claire :
Province Sud : 194 978 habitants (population municipale), toujours le cœur économique et démographique.
Province Nord : 50 947 habitants, en stagnation.
Îles Loyauté : seulement 18 671 habitants, un chiffre alarmant.
Nouméa confirme son statut de capitale démographique avec 85 976 habitants. Viennent ensuite Dumbéa (34 926), Païta (27 609) et Mont-Dore (25 303). Derrière cette façade urbaine, de nombreuses communes affichent une population inférieure à 5 000 habitants, signe d’un territoire rural fragilisé.
Mais à l’autre bout du spectre, des communes entières survivent avec moins de 1 000 habitants : Farino (736), Sarraméa (581) ou encore Bélep (686). Ces chiffres révèlent un écart abyssal entre le Grand Nouméa et les zones rurales.
Un signal fort pour l’avenir institutionnel et économique
Cette publication au Journal officiel ne se résume pas à une formalité administrative. Elle acte une nouvelle ère pour la Nouvelle-Calédonie. Les conséquences sont multiples :
Économiques : moins d’habitants, c’est une base fiscale réduite. Les impôts locaux, les recettes de la TGC, les cotisations sociales : tout sera impacté. Dans un territoire déjà fragilisé par la crise du nickel et la dépendance aux transferts de l’État, la perte de 7 000 contribuables et consommateurs en six ans est un choc.
Sociales : une population en recul fragilise la pyramide des âges. Moins de jeunes, c’est moins d’actifs pour financer les retraites et la solidarité. Plus de départs, c’est une fuite des forces vives vers l’extérieur.
Institutionnelles : la représentativité politique repose sur ces chiffres. La répartition des sièges, les dotations financières aux communes et aux provinces sont recalculées en fonction de la démographie. Un recul du nombre d’habitants signifie mécaniquement moins de poids dans la République.
La dépopulation n’est plus une hypothèse : elle est juridiquement actée. Et elle pèsera lourd dans les débats institutionnels à venir.
Longtemps, certains ont minimisé les signaux faibles. Aujourd’hui, la réalité est officielle et incontestable. La Nouvelle-Calédonie perd des habitants, et cela remet en cause son avenir économique et social.
Le discours victimaire, qui rejette la responsabilité sur l’État ou sur des forces extérieures, ne tient plus. C’est d’abord au territoire qu’il revient de bâtir une stratégie de reconquête démographique : retenir ses jeunes, valoriser le travail, stimuler l’emploi local, encourager la natalité.
Car sans habitants, il n’y a pas de prospérité. Sans dynamique démographique, il n’y a pas de développement durable. Et sans vitalité, il n’y a pas d’avenir dans la République.
Ce recensement 2025, désormais authentifié, restera comme un jalon politique et historique. Il marque la fin d’une illusion et le début d’une période de lucidité.
À partir du 1er janvier 2026, toute la vie institutionnelle et économique du territoire devra composer avec cette donnée : la Nouvelle-Calédonie recule. Ce n’est pas une rumeur, ce n’est pas un constat provisoire : c’est acté par décret, et donc opposable à tous.
C’est dans cette réalité, et non dans les fantasmes, que se jouera l’avenir.
Journal officiel électronique authentifié n° 0218 du 19/09/2025 :