Le 24 septembre est depuis toujours une date particulière en Nouvelle-Calédonie. Pour certains, elle rappelle la prise de possession de l’archipel par la France en 1853. Pour d’autres, elle est devenue un jour de contestation, de revendication et de mobilisation politique. Autour du Mwâ Kââ, ce monument de pierre censé symboliser l’identité et la mémoire, les rassemblements du 24 septembre ont souvent été l’occasion d’affirmer une force collective. Mais en 2025, les images sont sans appel : la foule n’est plus là. La démonstration est ratée.
De la puissance de 2024 au vide de 2025
Il suffit de comparer. En mars 2024, la même place débordait de monde. Des cortèges impressionnants, une marée humaine noire de monde, occupaient les rues, donnant une impression de puissance et d’unité. Cette image devait incarner la force d’un projet politique qui se voulait irréversible.
Un an plus tard, ce 24 septembre 2025, c’est tout l’inverse. Autour du Mwâ Kââ, les rangs sont clairsemés, les drapeaux peu nombreux, l’ambiance plus symbolique que populaire. Le contraste est tel qu’il ne peut être ignoré. Ce n’est pas une simple baisse de participation : c’est le signe d’un basculement.
Le 13 mai a tout changé
Entre-temps, la Nouvelle-Calédonie a connu le 13 mai. Une date qui restera comme un traumatisme collectif. Les émeutes, les violences, les pillages ont laissé des traces profondes. Des commerces détruits, des entreprises ruinées, des familles plongées dans la précarité. L’économie locale, déjà fragile, a pris un coup dont elle peine encore à se relever.
Mais plus encore que les dégâts matériels, c’est le tissu social qui a été brisé. Le vivre-ensemble, si souvent invoqué, a volé en éclats. La méfiance s’est installée. La peur aussi. Pendant des semaines, les habitants ont vécu derrière des barricades improvisées, dans l’angoisse de nouvelles violences. Tout le monde en garde une cicatrice.
Le projet radical ne convainc plus
Les indépendantistes radicaux pensaient pouvoir transformer cette colère en carburant politique. Ils espéraient que la peur, l’humiliation et la victimisation suffiraient à mobiliser encore davantage. Mais c’est l’inverse qui s’est produit. La population a vu de ses propres yeux les conséquences de ce projet : appauvrissement généralisé, outils économiques cassés, fracture sociale profonde.
Résultat : les slogans radicaux sonnent creux. Les Calédoniens, qu’ils soient kanak, caldoches ou d’autres horizons, ne veulent plus être instrumentalisés. Ils ont payé le prix fort. Ils savent désormais où mène cette logique de confrontation permanente : à l’impasse.
Quand la rue ne répond plus aux extrêmes
Le rassemblement du 24 septembre 2025 devait être une démonstration de force. Il est devenu une démonstration de faiblesse. En l’absence de dynamique populaire, les extrêmes se retrouvent seuls à scander leurs slogans. Sans l’adhésion massive, leur projet perd sa substance. La rue, jadis mobilisée comme une arme politique, ne répond plus.
Ce constat n’est pas anodin. Il traduit une lassitude profonde. Les Calédoniens aspirent à autre chose : à reconstruire ce qui a été détruit, à retrouver une sécurité économique et sociale, à bâtir un avenir en commun.
Un avertissement pour l’avenir
Ce 24 septembre 2025 restera donc dans les mémoires, non pas comme une démonstration de force, mais comme le symbole d’un tournant. Les radicaux voulaient montrer qu’ils pouvaient encore peser dans la rue. Ils ont montré l’inverse : leur isolement.
C’est une leçon politique. La population ne suit plus les illusions. Elle ne croit plus aux promesses sans lendemain. Elle a compris, dans sa chair et dans son quotidien, que le radicalisme mène à la ruine et à la division.
Et cela se voit désormais jusque dans les manifestations.