Bientôt deux semaines déjà que Charlyne a repris le chemin du travail. Après les mois d’incertitude, les polémiques et les blessures invisibles, la jeune femme a trouvé un nouveau souffle dans un restaurant de la place. Un emploi simple, mais qui vaut bien plus qu’une fiche de paie.
Je suis très contente de mon boulot, je retrouve une routine, je rencontre des gens sympas, ça me fait du bien,
confie-t-elle.
Le poids d’un passé récent
Derrière ce bonheur retrouvé, la mémoire reste lourde. Son témoignage avait mis en lumière une réalité souvent niée : la précarité, la violence, l’exploitation. Ce courage avait eu un prix. Critiquée, insultée, parfois même menacée, Charlyne avait encaissé sans jamais vraiment flancher.
Ce que j’ai traversé, je ne le souhaite à personne. Quand on ose dire les choses, on devient une cible. Mais je n’ai pas de regrets,
affirme-t-elle. Aujourd’hui, elle préfère regarder devant. « On n’oublie pas, mais on avance. »
Une main tendue au bon moment
Sa renaissance, elle la doit aussi à un patron qui n’a pas hésité à lui faire confiance. Propriétaire d’un restaurant lui-même fragilisé par les émeutes, il sait ce que signifie tenir malgré tout.
Je n’ai pas réfléchi longtemps. Elle avait besoin d’un coup de main, moi j’avais besoin de personnel. C’était une évidence,
explique-t-il. Pour lui, employer Charlyne n’est pas seulement un choix économique, mais aussi un acte de solidarité.
Donner du travail, c’est redonner de la dignité. Et dans les temps que nous traversons, c’est essentiel.
Charlyne, elle, mesure sa chance :
Beaucoup auraient détourné le regard. Lui, il m’a tendu la main. Sans ça, je ne sais pas où j’en serais aujourd’hui.
Un quotidien qui change tout
Le travail, ce sont des horaires, des responsabilités, une nouvelle famille de collègues. Mais surtout une respiration.
Quand je rentre le soir, je suis fatiguée, mais c’est une bonne fatigue. Je me sens utile, et rien que ça, c’est énorme.
Le restaurant est devenu son refuge, un lieu où elle n’est plus réduite à son passé mais reconnue pour ce qu’elle apporte.
Je veux montrer que je suis capable, que je peux tenir. Et je crois que je le prouve chaque jour.
Un message d’optimisme
Dans une Nouvelle-Calédonie encore marquée par les fractures, l’histoire de Charlyne est une leçon de résilience. Une façon de rappeler que, même dans l’adversité, il existe toujours des issues.
Si mon histoire peut donner un peu d’espoir, alors tant mieux. Il y a des patrons qui croient encore aux petits gens, il faut le dire aussi.
Son parcours est celui d’une reconstruction fragile mais bien réelle. Et au moment de conclure, Charlyne lâche cette phrase simple, mais lourde de sens : « Aujourd’hui, je revis grâce à ce travail. »