Deux générations face à l’avenir : l’une inquiète, l’autre combative. Un baromètre annuel qui tranche avec les discours défaitistes habituels.
Une jeunesse majoritairement satisfaite mais marquée par de fortes fractures
Selon le baromètre DJEPVA 2025 publié par l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (Injep) le 16 septembre 2025, 67 % des jeunes de 15 à 30 ans estiment que leur vie correspond à leurs attentes, même si ce taux recule de quatre points par rapport à 2024. Ce niveau revient à celui de 2023, traduisant un ralentissement après une embellie temporaire. Pour la première fois, les plus de 30 ans se disent même plus satisfaits (72 %) que leurs cadets.
L’étude montre que les écarts sont nets selon la situation professionnelle et le niveau de diplôme : 70 % des jeunes en emploi se déclarent satisfaits, contre seulement 48 % des chômeurs. Les titulaires d’un diplôme supérieur atteignent 75 % de satisfaction, quand les jeunes actifs au niveau bac ou moins plafonnent à 60 %. Le constat est clair : le travail et l’effort paient toujours, et la précarité demeure la principale cause d’insatisfaction.
La situation familiale joue aussi un rôle déterminant : 73 % des jeunes en couple avec enfants jugent leur vie conforme à leurs attentes, contre seulement 58 % des familles monoparentales. Contrairement aux discours victimaires, ce baromètre montre que la stabilité personnelle et la construction familiale restent des moteurs de satisfaction.
Confiance dans l’avenir : les jeunes plus optimistes que leurs aînés
Près de 69 % des jeunes se déclarent confiants pour les trois prochaines années, un chiffre largement supérieur à celui des adultes de plus de 30 ans (53 %). Cette confiance reste stable malgré un contexte économique et géopolitique incertain.
Là encore, le facteur emploi est décisif : 73 % des jeunes en activité se disent confiants, contre seulement 56 % des chômeurs. Les différences selon le sexe sont également marquées : 72 % des jeunes hommes affichent leur confiance, contre 65 % des jeunes femmes. Une fracture qui perdure depuis plusieurs années, souvent accentuée par une perception plus critique de la société chez les jeunes femmes.
L’état d’esprit reste globalement positif : 55 % des jeunes décrivent leur ressenti par des mots optimistes comme « bien », « confiant » ou « déterminé ». Toutefois, les femmes et les jeunes issus de foyers modestes expriment davantage de doutes et de fatigue. En comparaison, les adultes plus âgés se montrent toujours plus inquiets, confirmant que la jeunesse demeure le moteur de l’espoir national.
Engagement citoyen : bénévolat stable, militantisme en recul
Côté engagement, trois jeunes sur dix donnent de leur temps bénévolement au moins une fois par mois. Le sport reste le premier domaine d’implication (32 %), suivi par la jeunesse et l’éducation (18 %), puis la culture et les loisirs (17 %). Le bénévolat régulier est plus fréquent chez les jeunes diplômés et ceux en couple avec enfants, confirmant que l’ancrage social favorise la solidarité.
En revanche, les formes d’engagement contestataires reculent. La participation aux manifestations et aux grèves chute à 22 % (-8 points par rapport à 2024). L’adhésion à un parti ou à un syndicat tombe à 15 %. La seule action en progression reste la signature de pétitions et l’expression en ligne (40 % des jeunes), un engagement davantage symbolique que concret.
Ce désengagement de la rue, au profit du bénévolat associatif, illustre une tendance forte : les jeunes Français privilégient l’action concrète sur le terrain plutôt que les slogans idéologiques. Loin des caricatures d’une génération désabusée, ce baromètre montre une jeunesse pragmatique, attachée à l’action locale et au collectif.
En définitive, l’édition 2025 du baromètre DJEPVA dresse un portrait clair : une jeunesse confiante dans l’avenir, mais lucide sur les fractures sociales. L’emploi, la famille et l’éducation restent les trois piliers de la satisfaction et de l’engagement. Ceux qui travaillent et construisent leur vie familiale s’en sortent mieux, quand la précarité et l’isolement pèsent lourdement sur le moral. Une conclusion qui rappelle une vérité simple : l’avenir appartient toujours à ceux qui prennent leurs responsabilités.