Dans un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux, La Fédé affirme que « la lutte contre les inégalités est sa priorité n°1 ». L’organisation syndicale explique que « tous ceux qui découvrent notre île sont choqués par ce phénomène, pourtant souvent invisible pour beaucoup d’entre nous » et propose la création d’un Observatoire des inégalités et de la pauvreté, financé par l’argent public, « chargé de publier régulièrement des données fiables pour guider les politiques publiques ».
Un paradoxe évident
Derrière les slogans, un paradoxe saute aux yeux. La fonction publique territoriale, que représente La Fédé, compte aujourd’hui environ 12 000 agents, soit 6 000 de plus qu’en Polynésie française pour une population équivalente. Leur coût annuel atteint 73 milliards XPF, soit près de 8 % du PIB.
Le salaire moyen net d’un fonctionnaire territorial s’élève à 398 000 XPF par mois, soit 2,5 fois le SMIG. Une inégalité structurelle en soi, au cœur même du modèle calédonien.
« Chaque gouvernement promet d’agir »
Dans son communiqué, La Fédé écrit encore : « Chaque gouvernement promet d’agir, mais trop peu de mesures concrètes sont prises ». Mais pour de nombreux observateurs, c’est précisément le poids de la fonction publique et la multiplication d’organismes publics qui alimentent la crise budgétaire et empêchent toute action efficace.
Près de 47 % des agents sont des cadres A : il y a donc beaucoup de chefs, mais pas forcément assez d’opérateurs de terrain. Ce déséquilibre structurel, financé par l’impôt, contribue directement au déficit et donc à l’appauvrissement général.
Une manie bien calédonienne
Pourquoi La Fédé veut-elle un nouvel organisme public ? Parce que c’est le réflexe pavlovien du système :
- Problème de dette ? On crée une Agence de la dette.
- Problème de concurrence ? On crée une Autorité de la concurrence.
- Problème de pauvreté ? On propose un Observatoire de la pauvreté.
Ce socialisme collectiviste est presque touchant tant il en devient caricatural : un problème = un nouvel organisme. Comme disait Clemenceau : « En France on plante des fonctionnaires et il pousse des impôts. »
Le débat reste ouvert
La Fédé dit vouloir « défendre le vivre-ensemble et construire un avenir plus juste pour tous ». Mais pour beaucoup, la priorité n’est pas d’ajouter une structure supplémentaire : il faudrait plutôt réduire le fossé entre un secteur privé fragilisé et une fonction publique qui concentre déjà salaires élevés, effectifs pléthoriques et poids budgétaire record.