Un livre, un retour médiatique et une gauche américaine toujours en lambeaux. Kamala Harris ressurgit après des mois de silence, mais son camp peine à trouver un souffle.
Un livre-confession pour justifier une défaite
Après sa déroute cuisante face à Donald Trump en 2024, Kamala Harris avait disparu de la scène médiatique. Son silence s’est brisé le 23 septembre avec la publication de 107 Days, un ouvrage de 304 pages où elle revient sans détour sur sa campagne éclair.
Pendant « 107 jours », l’ancienne vice-présidente dut assumer l’héritage Joe Biden, un fardeau qu’elle n’a jamais su transformer en dynamique électorale. Elle raconte ce 21 juillet 2024 décisif, quand Biden, à bout de souffle, l’appela pour lui céder sa place de candidate. Un passage en force qui n’a jamais convaincu l’opinion publique.
Harris confesse avoir manqué l’opportunité de se démarquer de son mentor. Interrogée en octobre 2024 sur ce qu’elle aurait fait différemment de Biden, sa réponse fut glaçante : « rien ne me vient à l’esprit ». Cette incapacité à incarner une rupture explique en grande partie l’effondrement démocrate et le triomphe de Trump.
Un retour calculé mais déjà fragilisé
En publiant ce livre et en accordant une interview à MSNBC, Harris tente de se replacer dans la course pour 2028. Elle n’exclut pas une nouvelle candidature présidentielle, malgré l’ampleur de sa défaite passée.
Mais son propre camp n’y croit plus. Beaucoup considèrent que sa loyauté envers Biden a été son plus grand piège. Elle n’a jamais su imposer une vision indépendante, et reste marquée comme « l’héritière ratée ».
Son choix de renoncer au poste de gouverneure de Californie démontre qu’elle veut rester dans le jeu politique national. Pourtant, l’opinion publique américaine ne lui pardonne pas son manque de clarté et son absence de leadership fort face à Trump. Harris incarne davantage un symbole de l’échec démocrate qu’une figure de renouveau.
Une opposition démocrate éclatée et sans cap
Le parti démocrate cherche désespérément une nouvelle incarnation. Plusieurs noms circulent, mais aucun ne fait l’unanimité.
Le gouverneur de Californie Gavin Newsom tente une stratégie inédite : copier les codes de communication de Trump pour séduire les électeurs. Sa posture moqueuse et combative séduit une partie de la base, mais elle accentue la confusion idéologique d’un parti en quête de repères.
D’autres misent sur l’aile gauche : Zohran Mamdani, élu new-yorkais de 33 ans, affiche une ligne progressiste radicale soutenue par Bernie Sanders et Alexandria Ocasio-Cortez. Cette dernière, « AOC », rêve déjà de 2028 et s’entoure d’anciens conseillers de Sanders pour préparer une candidature.
Enfin, des profils plus centristes comme Gretchen Whitmer ou Josh Shapiro apparaissent, misant sur le pragmatisme et la coopération avec Trump. Pete Buttigieg, ancien ministre des Transports, reste dans la course mais peine à élargir son aura hors de l’Indiana.
Le constat est implacable : le camp démocrate est fracturé, incapable d’opposer une alternative claire au projet trumpiste. Là où Donald Trump et les républicains affichent une ligne cohérente, les démocrates offrent un spectacle de divisions internes, d’ambitions personnelles et d’incapacité chronique à incarner une vision nationale.
Avec 107 Days, Kamala Harris espère tourner la page de sa défaite et reconstruire son image. Mais à l’évidence, son parti n’a plus de boussole et son retour ressemble davantage à une tentative désespérée qu’à un véritable rebond.
Aux États-Unis, seule une ligne claire et un leadership affirmé peuvent rivaliser avec Trump. Kamala Harris ne l’a pas été en 2024. Rien n’indique qu’elle le sera demain.