Le temps des promesses creuses est terminé. Depuis le 13 mai, la Nouvelle-Calédonie paie le prix fort de ses dérives : caisses vides, familles fragilisées, expulsions qui explosent. Le Fonds Social de l’Habitat (FSH) alerte : on ne peut plus continuer à repousser l’inévitable en arrosant d’argent public des situations intenables.
Un logement social à bout de souffle
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : impayés record, vacance en hausse, tensions qui s’accumulent. La réalité, c’est que les bailleurs ne parviennent plus à tenir leurs comptes, et que les familles qui refusent de payer fragilisent tout le système.
Dans sa lettre ouverte, le président du FSH, Karl Hiro, rappelle que l’expulsion n’est pas une fatalité… mais il souligne aussi que la dette locative a atteint un niveau insupportable.
Nous ne pouvons pas continuer à payer pour éviter l’échec
prévient-il. Le 13 mai a laissé des cicatrices financières que le logement social subit de plein fouet.
Le Fonds Social d’Urgence : un pansement, pas une solution
Créé en 2001, le Fonds Social d’Urgence (FSU) devait être une bouée de sauvetage. Assoupli en 2023, il reste pourtant largement sous-utilisé. Pourquoi ? Parce que les bailleurs, souvent par peur du conflit, préfèrent laisser filer les procédures plutôt que d’activer ce mécanisme.
Mais soyons clairs : le FSU ne règle rien à long terme. Il permet de gagner du temps, mais il n’efface pas le problème central : trop de locataires cessent de payer. Et dans une Nouvelle-Calédonie en crise, où chaque franc compte, continuer à combler les trous est devenu intenable.
Le FSH au pied du mur
Oui, le FSH soutient des milliers de foyers : 9 620 en 2024. Oui, il investit encore dans de nouveaux logements : près de 29 milliards CFP engagés. Mais ces efforts ont une limite. Quand les finances publiques sont exsangues, on ne peut plus promettre un logement gratuit et illimité à tout le monde.
Le 13 mai a bouleversé les équilibres : entreprises détruites, impôts en berne, aides sociales qui explosent. Dans ce contexte, croire que l’on pourra sauver tout le monde est un mensonge. Comme l’a dit un cadre du secteur :
À force de différer les expulsions, on nourrit la bombe sociale au lieu de la désamorcer
Vers un retour à la responsabilité
Le message du FSH est clair : les bailleurs doivent changer de pratiques, mais les familles aussi. On ne peut plus attendre du contribuable qu’il paie indéfiniment les dettes des autres. La responsabilité individuelle doit redevenir la règle, sinon le logement social s’effondrera.
Plutôt que d’entretenir l’illusion d’un système qui absorbe tout, il faut accepter que certains dossiers aboutissent à l’expulsion. C’est dur, mais c’est la vérité : un toit n’est pas un dû, c’est un engagement.
La lettre ouverte du FSH résonne comme un tournant. Les outils existent, mais ils ne suffisent plus. Le temps est venu de dire stop : stop aux illusions, stop aux subventions sans fin, stop à la fuite en avant. Le 13 mai nous a rappelé que la réalité finit toujours par rattraper ceux qui refusent de la voir. À la Nouvelle-Calédonie maintenant de choisir : assumer la rigueur ou sombrer dans le chaos social.