Un choc titanesque, un génie militaire et une victoire qui scelle l’histoire. Le 1er octobre 331 av. J.-C., Alexandre le Grand terrasse Darius III à Gaugamèles.
Un jeune roi face à l’empire perse
À seulement 25 ans, Alexandre le Grand a déjà pulvérisé deux armées perses, au Granique puis à Issos. Mais son ambition ne connaît pas de répit : il veut abattre définitivement l’Empire achéménide. Fils de Philippe II de Macédoine — vainqueur de Chéronée —, Alexandre hérite d’un royaume discipliné et d’une armée aguerrie. Inspiré par son maître Aristote et nourri de l’épopée homérique, il se veut l’héritier des héros et le libérateur des Grecs. Face à lui, Darius III, « Roi des Rois », a rassemblé une force écrasante, forte de plusieurs centaines de milliers d’hommes.
Le Macédonien franchit l’Euphrate, puis le Tigre. À Gaugamèles, en Mésopotamie, l’affrontement est inévitable. Darius dispose de chars armés de faux, d’éléphants et de cavaleries redoutées. Alexandre, avec 45 000 hommes seulement, accepte le combat. Sa décision incarne une audace digne des plus grandes heures de l’héritage grec : la conviction qu’un petit peuple discipliné peut vaincre une masse servile.
La bataille de Gaugamèles : un chef-d’œuvre tactique
Le matin du combat, Alexandre, vêtu de sa tunique blanche, monte Bucéphale et passe devant ses troupes. Son plan est clair : tenir le centre, résister sur les ailes, puis frapper au cœur de l’ennemi. Lorsque la cavalerie perse déborde, il exploite une brèche. À la tête de ses Compagnons, il mène une charge oblique foudroyante. L’élan brise le dispositif ennemi, et le roi perse, pris de panique, s’enfuit.
Les éléphants et les chars perses se révélèrent inefficaces face à la discipline macédonienne. Les phalanges s’ouvrent, laissent passer les engins de mort, puis referment leur étau de sarisses. La stratégie d’Alexandre transforme une infériorité numérique écrasante en triomphe. Comme à Issos, Darius abandonne ses hommes et s’enfuit à nouveau. Son assassinat, quelques mois plus tard, mettra fin à la dynastie achéménide.
La victoire d’une civilisation
L’entrée d’Alexandre dans Persépolis, Suse et Ecbatane marque plus qu’un succès militaire : c’est l’affirmation d’une civilisation exaltant la liberté civique et l’honneur face à un empire perçu comme autoritaire. Alexandre, fils de la Grèce, se recueille sur la tombe de Cyrus mais permet à ses soldats de piller Persépolis, comme une revanche pour les outrages perses subis par Athènes.
En se proclamant « roi d’Asie », il unit sous son sceptre le Proche-Orient, l’Égypte et bientôt la Perse. Son épopée incarne la puissance du monde grec face aux empires orientaux. Gaugamèles n’est pas seulement une bataille : c’est le moment où un jeune roi s’affirme comme maître du monde connu.