Deux radars géants aux allures de rampes de skate vont bientôt s’élever au-dessus de Papenoo.
Avec eux, la Polynésie s’apprête à entrer de plain-pied dans l’ère spatiale française.
Une avancée stratégique pour la France et ses Outre-mer
Dans un monde où le trafic satellitaire explose, la France refuse de rester spectatrice. Créée en 2022 à Toulouse par l’ancien général Michel Friedling, ex-Commandant de l’Espace, la start-up Look Up Space déploie un projet hors norme en Polynésie française.
Deux radars de 40 mètres doivent être érigés sur le site TNT, dans les hauteurs de Papenoo. Objectif : cartographier les millions de satellites et débris en orbite, afin de protéger nos communications, nos systèmes militaires et civils, mais aussi d’assurer l’indépendance technologique de la France face aux États-Unis et à la Chine.
L’investissement direct dépasse 700 millions de francs CFP, preuve que Paris n’abandonne pas ses Outre-mer. Car ces radars ne sont pas de simples antennes : ils sont le premier maillon d’un réseau mondial français destiné à sécuriser l’accès à l’espace, nouveau champ de confrontation stratégique.
Un enjeu vital face au chaos orbital
La réalité est implacable : en 2019, on comptait 1 800 satellites actifs. Aujourd’hui, plus de 12 000 circulent autour de la Terre. Et les projections annoncent jusqu’à 100 000 satellites d’ici 2030. Un chiffre vertigineux qui illustre l’urgence.
Avec cette densité, les risques de collisions se multiplient. Un simple débris métallique d’un centimètre, lancé à 28 000 km/h, peut anéantir un satellite entier. Il peut aussi déclencher une réaction en chaîne, aggravant encore le danger.
Face à ce chaos annoncé, les États-Unis disposent déjà de systèmes puissants, tout comme la Chine. L’Europe, elle, accuse un retard criant. C’est pourquoi Look Up Space, soutenue par l’Union européenne et le plan France 2030, veut offrir une solution française et souveraine pour surveiller l’espace.
Contrairement aux capteurs optiques, limités par la météo, le radar permet une détection précise et continue, indispensable pour protéger les satellites qui assurent télécommunications, météo, surveillance maritime ou encore sécurité aérienne. Autant de secteurs où la Polynésie est directement concernée.
Des emplois, de la formation et une souveraineté renforcée
L’implantation de Look Up Space en Polynésie n’est pas un simple passage.
Quand on installe un radar de cette ampleur, c’est pour plusieurs décennies, rappelle Michel Friedling.
Cela signifie des emplois pérennes, de la maintenance locale, et surtout l’opportunité de former une nouvelle génération polynésienne aux métiers de haute technologie.
Mieux encore, la start-up envisage la création d’un centre opérationnel à Tahiti, complémentaire de celui de Toulouse. Le décalage horaire offrirait une surveillance continue et ferait du fenua une vigie avancée de l’Europe dans le Pacifique.
Ce projet dépasse le simple enjeu économique. Il marque la volonté de la France de tenir son rang dans l’espace et de ne pas abandonner ce terrain à Elon Musk, Jeff Bezos ou Pékin. La Polynésie, tout comme la Nouvelle-Calédonie et la Guyane, devient un maillon essentiel d’une chaîne stratégique française, garante de notre souveraineté et de notre sécurité nationale.
Avec Look Up Space, Tahiti s’impose comme une plateforme stratégique du spatial français.
Les radars de Papenoo ne sont pas seulement des instruments scientifiques : ils symbolisent une France qui investit, qui forme et qui protège. Une France qui refuse de se laisser marginaliser par les géants américains ou chinois.
Le fenua, longtemps vu comme une simple base militaire, devient aujourd’hui une sentinelle de l’espace au service de la nation et de l’Europe.