En temps de crise, les beaux discours sur le “tout numérique” s’effondrent. Ce qui protège les citoyens, ce sont les billets en main, le concret, le réel. La Banque centrale européenne vient de le rappeler avec force.
Le cash, un bouclier face aux crises systémiques
Dans son étude publiée en septembre 2025, la BCE met en avant un paradoxe majeur : plus les paiements numériques progressent, plus la demande en argent liquide augmente lors des crises. De la crise grecque de 2008 à la pandémie de Covid-19, en passant par l’attaque russe en Ukraine ou la récente panne électrique en Espagne, le constat est implacable : les citoyens se tournent vers les billets.
L’argent liquide n’est pas qu’un moyen de transaction, il est une assurance de survie. En 2020, malgré la peur de la contamination par les pièces et billets, l’émission nette a bondi de 140 milliards d’euros (16 700 milliards de francs CFP), preuve que la confiance réside dans le tangible.
L’euro numérique ne doit pas effacer le rôle vital des espèces
L’Union européenne rêve d’imposer un euro numérique. Mais la réalité contredit cette utopie technocratique. Depuis 2005, la valeur des billets en circulation a presque triplé. En 2024, la part des paiements en espèces aux points de vente s’est certes réduite à 43 %, mais leur rôle de réserve de valeur reste incontournable.
La BCE elle-même le reconnaît : en cas de catastrophe, seul l’argent liquide garantit la continuité des échanges. Ni panne de réseau, ni cyberattaque, ni coupure électrique ne peuvent annuler la force d’un billet de banque. Cette fonction d’assurance, trop longtemps négligée, devient un élément central de la résilience européenne.
Vers une culture de la préparation nationale
En mars 2025, la Commission européenne a recommandé de stocker eau, nourriture, médicaments et argent liquide pour tenir au moins trois jours lors d’une crise grave. Certains États vont plus loin et conseillent de garder 70 (8 400 CFP) à 100 (12 000 CFP) euros en liquide par personne.
Il s’agit d’un retour au bon sens : se préparer, c’est garantir la souveraineté et éviter la dépendance. Comme le note la BCE, le cash constitue aussi un contrepoids à la concentration des pouvoirs dans les systèmes de paiement et un levier pour maintenir une concurrence saine. Autrement dit, défendre l’argent liquide, c’est défendre la liberté individuelle et la solidité de la Nation.
L’enseignement est clair : sans cash, pas de résilience. Dans un monde instable, où crises sanitaires, guerres ou cyberattaques peuvent frapper à tout moment, la France et l’Europe doivent préserver la disponibilité de l’argent liquide. C’est une question de sécurité nationale, de souveraineté et de protection des citoyens.