Vanuatu garde la porte ouverte à un accord avec l’Australie, mais refuse toute pression. Le pays resserre aussi ses liens policiers avec la Chine.
Un accord bloqué entre Vanuatu et l’Australie
Le Vanuatu se dit prêt à signer l’accord de partenariat Nakamal avec l’Australie, mais à ses propres conditions. Le ministre des affaires intérieures, Andrew Napuat, a affirmé que son pays n’acceptera plus aucune forme de pression ou de “bullying” de la part de puissances étrangères.
L’Australie espérait conclure à Port-Vila, le mois dernier, un accord de 500 millions de dollars destiné à soutenir les infrastructures et la sécurité. Mais Vanuatu a exprimé des réserves, notamment sur la crainte que ce texte empêche d’autres partenaires d’investir. Résultat : le Premier ministre australien Anthony Albanese est reparti les mains vides.
Pour Andrew Napuat, le blocage est clair : “Nous voulons un accord qui reflète nos propres choix de développement, et non un texte teinté de néocolonialisme.”
Pékin s’invite dans le jeu régional
Alors que les discussions avec Canberra piétinent, Vanuatu avance sur un autre front : la coopération policière avec la Chine. Napuat a rencontré en septembre le ministre chinois de la sécurité publique, Wang Xiaohong, à Pékin. Objectif : formaliser un mémorandum d’entente (MoU) sur le soutien policier.
Ce partenariat sino-vanuatais n’est pas nouveau. Depuis 2014, la Chine fournit déjà équipements, formations et infrastructures à la police du pays. L’accord projeté vise à donner une structure plus transparente à une relation ancienne.
Le ministre insiste : “Cet MoU est uniquement axé sur la coopération policière. Il est séparé de l’accord Nakamal avec l’Australie.”
Une bataille d’influence dans le Pacifique
Pour les analystes, l’échec de l’accord Nakamal illustre les difficultés de Canberra à contrer l’influence chinoise dans le Pacifique. Selon la professeure Joanne Wallis, spécialiste de la sécurité régionale à l’Université d’Adélaïde, l’accord australien n’avait pas un soutien politique suffisant à Port-Vila : “C’était un pari risqué dès le départ.”
Elle ajoute que l’assistance policière chinoise pourrait introduire des pratiques plus autoritaires et fragiliser les institutions démocratiques locales. Mais elle nuance : “L’Australie reste de loin le premier partenaire sécuritaire de la région. Pékin ne remplacera pas Canberra sur le terrain de la sécurité globale.”
Du côté australien, la ministre des affaires étrangères Penny Wong a rappelé que son pays “respecte fermement la souveraineté du Vanuatu”. Canberra assure vouloir rester un partenaire fiable, dans une région où la compétition stratégique s’intensifie.