L’agriculture calédonienne, pilier de souveraineté et de stabilité, retrouve le devant de la scène. Après douze ans de silence statistique, l’heure est venue de dresser un portrait sans concession du secteur.
Une radiographie agricole pour restaurer la souveraineté
Douze ans après le recensement général de 2012, la Nouvelle-Calédonie lance une nouvelle enquête agricole à l’échelle du pays. Cette opération n’est pas anodine : elle vise à mettre fin à une décennie d’aveuglement statistique, où les décisions publiques ont souvent été prises sans vision claire. Pilotée par la DAVAR, en lien avec les provinces, la CAP-NC et l’Agence rurale, cette enquête doit redonner aux acteurs agricoles des repères solides.
Contrairement au recensement de 2012, massif et exhaustif, l’approche de 2025 est ciblée et pragmatique : sur les 3 200 exploitations inscrites, 1 500 seront directement enquêtées. Derrière ces chiffres, un objectif clair : identifier les surfaces, les cheptels, les équipements et la main-d’œuvre, afin de mesurer la capacité réelle du pays à nourrir sa population.
Cette opération est bien plus qu’une simple collecte de données. Elle constitue un outil de souveraineté : mieux connaître les forces et faiblesses du monde agricole permet de bâtir des politiques efficaces, de soutenir les producteurs sérieux, et de tourner la page des discours idéologiques déconnectés du terrain.
Les producteurs au cœur d’un choix stratégique
Ce travail de terrain débutera en octobre 2025, avec des enquêteurs mandatés pour aller à la rencontre des agriculteurs. La diversité des exploitations est au cœur de la démarche : grandes unités marchandes, petites structures tribales, exploitations périurbaines. Une même condition : être inscrit au registre agricole de la CAP-NC.
En acceptant de répondre, les exploitants participent à une démarche de vérité. Car l’enquête vise à établir une cartographie détaillée commune par commune, permettant d’orienter les aides publiques et d’évaluer l’impact des dispositifs. Trop longtemps, les subventions ont été dispersées, parfois captées par des structures marginales, au détriment de ceux qui produisent vraiment. Avec cette enquête, il devient possible de récompenser le travail réel plutôt que les postures.
La Nouvelle-Calédonie, comme la France, ne peut pas se permettre de dépendre éternellement des importations. L’agriculture n’est pas un supplément d’âme : c’est un pilier de sécurité et d’indépendance. Ceux qui cultivent, élèvent et nourrissent sont les gardiens silencieux d’une stabilité sociale que trop d’élites oublient.
Des résultats attendus pour orienter l’avenir
L’enquête n’aura pas qu’une valeur immédiate. Son calendrier, déjà fixé, démontre le sérieux de la démarche :
Avril 2026 : publication d’un aperçu général des résultats ;
Septembre 2026 : analyses thématiques détaillées ;
Décembre 2026 : rapport final complet.
Ces jalons permettront d’ancrer durablement une base de données fiable, pour suivre l’évolution du secteur et planifier les politiques agricoles. L’enjeu est clair : réarmer l’agriculture calédonienne face aux défis alimentaires, économiques et sociaux.
La confidentialité des réponses est garantie par le RGPD et le secret statistique. Mais au-delà de ces garanties juridiques, le sens de cette enquête est limpide : redonner au monde agricole la place qu’il mérite dans la société calédonienne. Dans une époque où la dépendance alimentaire devient une menace stratégique, la maîtrise de nos terres et de nos productions n’est pas une option, mais une nécessité.
L’agriculture n’est pas une nostalgie rurale ni une variable d’ajustement. Elle est une condition de liberté. Avec cette enquête, la Nouvelle-Calédonie envoie un signal fort : le temps est venu de réhabiliter le travail des producteurs, de rompre avec les illusions et de bâtir une souveraineté alimentaire solide, au service du pays tout entier.