Les Calédoniens réclament des produits de la mer de qualité. Les pêcheurs, eux, s’organisent pour répondre à cette demande en professionnalisant leur métier et en défendant leur autonomie alimentaire.
Une profession qui s’organise pour durer
Depuis quelques années, la pêche calédonienne connaît une véritable mutation. Longtemps marquée par l’informel et la vente en bord de route, la filière se dote désormais d’outils solides pour garantir la traçabilité et la qualité des produits. Fin 2024, le lancement de la marque « Pêcheurs calédoniens », soutenue par l’Agence rurale, a marqué un tournant. Désormais, sur les marchés, dans les poissonneries ou même dans les rayons surgelés, les Calédoniens peuvent identifier les produits issus d’une pêche locale responsable.
La stratégie est claire : défendre une filière enracinée dans le territoire face aux produits importés, souvent moins chers mais sans garantie de fraîcheur. La Chambre d’agriculture et de la pêche de Nouvelle-Calédonie (CAP-NC) et les fédérations de pêcheurs ont compris que seule une organisation rigoureuse peut assurer des débouchés stables et valoriser le travail des marins.
Modernisation et formation : des pêcheurs mieux armés
Professionnaliser la pêche, c’est aussi accompagner les marins dans la réglementation, la sécurité et la formation. Désormais, les permis de navigation et les titres professionnels maritimes deviennent la norme pour ceux qui veulent exercer en toute légitimité. La CAP-NC, en lien avec la Direction des affaires maritimes, le GIEP et le RSMA-NC, déploie des formations certifiantes : techniques de pêche profonde, conditionnement du poisson ou encore ramendage des filets.
Cette montée en compétences s’accompagne d’un soutien matériel : construction de navires conformes, encadrement de la vente en bord de route, accompagnement pour obtenir le statut de patron pêcheur, qui permet une exonération de TGC sur le matériel professionnel. En 2022, seuls 45 marins bénéficiaient de ce statut ; ils sont désormais près d’une centaine. Une progression qui illustre une volonté claire : tourner la page du bricolage pour imposer une filière solide et respectée.
Coop Pêche : un projet stratégique pour l’avenir
Malgré ces avancées, la vente en circuit court ne suffit pas à absorber toute la production, surtout lors des pics saisonniers. La solution passe par la diversification. C’est l’objectif de Coop Pêche, la future coopérative issue des assises de 2022. Cet outil doit organiser la transformation des produits, développer des conserves, des surgelés et des préparations prêtes à consommer. Un levier majeur pour accéder à la grande distribution, aux cantines scolaires et aux collectivités.
Cette orientation s’inscrit dans la stratégie « Mangeons local ! », portée par la CAP-NC. En clair, il ne s’agit plus seulement de vendre du poisson frais sur les marchés, mais de structurer une véritable filière agroalimentaire. Cela permet de sécuriser les revenus des pêcheurs, d’assurer l’autonomie alimentaire et de réduire la dépendance aux importations.
La pêche calédonienne n’est plus une activité secondaire, mais un secteur économique stratégique. Grâce à la CAP-NC et à la volonté des professionnels, la filière s’équipe, se forme et se projette dans l’avenir. Dans un territoire où la souveraineté alimentaire est un enjeu majeur, les pêcheurs deviennent les gardiens d’une identité et d’une indépendance économique qu’il faut défendre.
La pêche calédonienne en chiffres clés
⚓ Pêche côtière
466 pêcheurs (118 Sud, 338 Nord, 10 Îles)
419 navires (137 Sud, 272 Nord, 10 Îles)
777,3 tonnes de captures/an
526,7 M F CFP de chiffre d’affaires
🌊 Pêche hauturière
15 navires sous licence
4 armements actifs
2 740 tonnes de captures/an
2,5 Mds F CFP de chiffre d’affaires