C’est une baffe économique d’une rare violence : selon les dernières données du CEROM, le PIB calédonien a reculé de 13,5 % en 2024. CEROM veut dire Comptes Économiques Rapides pour l’Outre-mer : un partenariat officiel (INSEE, IEOM/IEDOM, AFD, ISEE-NC, etc.) qui publie des chiffres macro pour les territoires ultramarins (PIB, emploi, conjoncture). Dix ans d’efforts envolés, un niveau de richesse revenu à celui de 2015. Les auditeurs d’Océane FM, comme les économistes, y voient le symptôme d’un territoire à bout de souffle, miné par la crise du nickel, les tensions politiques et un climat social délétère.
Une économie qui régresse de dix ans
Le chiffre est glaçant : 943 milliards de francs CFP en 2024, contre 1 078 milliards l’année précédente. Autrement dit, plus de 130 milliards envolés en douze mois. Ce recul brutal, le plus fort depuis les années 1990, traduit un effondrement généralisé des moteurs de croissance.
Dans le détail, les pertes d’emplois s’accumulent :
- –3 100 postes dans les services,
- –2 200 dans l’industrie,
- –1 300 dans le commerce,
- –1 300 dans la construction,
- même l’agriculture recule, avec une centaine de suppressions.
Un auditeur résume ce sentiment d’échec collectif :
« On travaille, on paye, mais on s’appauvrit. Tout baisse, sauf les prix. »
Pour beaucoup, la Calédonie régresse économiquement et socialement.
L’emploi calédonien en lambeaux
Les témoignages se multiplient : entreprises qui ferment, salariés licenciés, familles étranglées par la vie chère. La désindustrialisation touche désormais le cœur du territoire. Dans le bâtiment, des artisans parlent d’un “effet domino” : commandes suspendues, chantiers gelés, et un État jugé absent.
Les services publics sont au ralenti, les boîtes privées licencient, et la jeunesse s’en va
déplore un autre auditeur. Le marché de l’emploi ne redémarre pas.
Le prix d’une instabilité politique et sociale
Derrière cette crise économique, un constat : les affrontements de 2024, les barrages, les blocages ont paralysé des secteurs entiers.
Chaque jour d’émeute, c’est un mois de croissance perdu
rappelait récemment un économiste local. L’incertitude ajoutée à la crise du nickel et au recul du tourisme, plonge la Nouvelle-Calédonie dans une spirale d’appauvrissement. Le sentiment d’abandon domine :
On nous parle de souveraineté, mais on n’a déjà plus de quoi remplir le frigo
lâche une mère de famille au micro d’Océane FM.
Un choc du 13 mai 2024 qui a mis K.-O. une économie déjà fragile
Au-delà des tendances de fond (nickel, confiance en berne), les émeutes du 13 mai 2024 ont agi comme un accélérateur de crise : chaînes logistiques coupées, commerces incendiés, chantiers stoppés, tourisme et assurances à l’arrêt, et une confiance des investisseurs encore plus dégradée. Les semaines de barrages ont provoqué un effet domino : trésoreries exsangues, licenciements, départs de talents.
Face à l’ampleur de la crise, le gouvernement calédonien appelle à un sursaut collectif. Les Calédoniens attendent des mesures fortes : plan d’urgence pour l’emploi, soutien aux entreprises, redéfinition du modèle économique.
L’heure n’est plus aux promesses, mais à la reconstruction.