Un socle de sécurité renforcé, un enjeu de souveraineté technique. Ce vendredi 10 octobre 2025, le CESE-NC s’est prononcé sur un texte aussi discret qu’essentiel : la loi du pays relative aux exigences techniques des opérations aériennes. Un pas décisif pour la sécurité, mais aussi pour la maîtrise calédonienne de son ciel.
Le CESE-NC valide le nouveau cadre de sécurité aérienne
Dans l’hémicycle du Congrès de la Nouvelle-Calédonie, les membres du CESE-NC ont examiné et adopté à la majorité l’avis n° 23/2025 relatif à l’avant-projet de loi sur les opérations aériennes.
Ce texte, saisi par le président du gouvernement en août, vise à harmoniser les normes de sécurité locales avec les standards internationaux. Une réforme qui s’inscrit dans la continuité du transfert de compétences de 2013, plaçant désormais la sécurité des vols domestiques entre les mains du gouvernement calédonien.
L’objectif est clair : garantir aux passagers des vols intérieurs la même exigence de sécurité que sur les lignes internationales. Une avancée saluée par l’ensemble des conseillers, qui ont voté l’avis à 28 voix favorables sur 29, confirmant un consensus rare.
Les normes couvriront toutes les opérations aériennes — des compagnies commerciales comme Air Calédonie aux exploitants d’ULM et d’hélicoptères, jusqu’aux vols dits « de découverte ».
Des interrogations sur la formation et la souveraineté technique
Si le CESE-NC se félicite de cette mise à jour réglementaire, il alerte sur une faiblesse structurelle : la formation locale des pilotes et instructeurs d’ULM.
Depuis la fermeture de l’école Hibisair à Koné, la Nouvelle-Calédonie ne dispose plus d’infrastructure pour former ses instructeurs, contraignant les candidats à s’expatrier vers la métropole ou vers La Réunion.
Les conseillers plaident donc pour des partenariats durables avec des écoles reconnues, afin d’éviter une dépendance extérieure dans un secteur aussi stratégique.
Ce manque de moyens affaiblit la souveraineté aérienne du territoire, avertit un membre du CESE, appelant à un plan local de relance de la filière.
Dans la même veine, le Conseil insiste sur la nécessité d’un accompagnement économique des opérateurs, particulièrement des petites sociétés d’hélicoptères comme Hélicocéan, concernées par le passage aux nouvelles normes AIR OPS.
L’impact financier, aujourd’hui jugé neutre, pourrait s’alourdir dès la publication des futurs arrêtés. Le CESE réclame donc une période de transition et des concertations systématiques avant toute application concrète.
Un engagement pour la sécurité et la protection des écosystèmes
Au-delà des aspects techniques, ce texte illustre une volonté claire : faire du ciel calédonien un espace sûr et exemplaire.
Le CESE reconnaît par ailleurs l’intérêt écologique des missions aériennes à basse altitude menées par Hélicocéan, notamment dans la lutte contre les espèces envahissantes. Ces activités, à haut risque, nécessitent des dérogations spécifiques et un suivi renforcé par la direction de l’aviation civile (DAC).
L’institution soutient l’idée d’une évolution réglementaire encadrée, estimant que ces opérations contribuent directement à la préservation des écosystèmes calédoniens.
Ce vote quasi unanime incarne un choix politique fort : sécuriser sans entraver, moderniser sans dépendre, préserver tout en développant.
La Nouvelle-Calédonie confirme ainsi sa volonté d’assumer pleinement ses compétences aériennes, dans une logique de responsabilité et de souveraineté maîtrisée.
En validant cet avis, le CESE-NC acte une étape décisive dans la construction d’une aviation calédonienne sûre, compétente et autonome.
Les recommandations émises, partenariat de formation, transition économique, concertation des acteurs et reconnaissance des activités environnementales, tracent la feuille de route d’un secteur stratégique pour l’avenir du territoire.
Sous le regard attentif de son président, Jean-Louis d’Anglebermes, le CESE réaffirme un principe simple mais essentiel : la sécurité n’est pas un luxe, c’est une responsabilité territoriale.