La Nouvelle-Calédonie et Wallis-et-Futuna se dotent de deux nouveaux visages pour incarner la voix républicaine dans l’espace numérique ultramarin
Une nomination qui renforce la présence de l’État dans le Pacifique
L’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM) continue d’étendre son empreinte dans les Outre-mer.
Par la décision n° 2025-591 du 10 septembre 2025, publiée au Journal officiel le 10 octobre, deux nouveaux membres ont été nommés au comité territorial de la Nouvelle-Calédonie et de Wallis-et-Futuna : Poindet Océa Naaoutchoué et Akila Nedjar-Guerre.
Ces nominations, validées après avis favorable du Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, marquent une nouvelle étape dans la structuration du paysage audiovisuel local.
Le premier, directeur du Centre culturel provincial Pomémie à Koné, incarne un profil ancré dans la culture calédonienne.
La seconde, maîtresse de conférences à l’Université de la Nouvelle-Calédonie, apporte la rigueur académique et juridique nécessaire à la régulation moderne du secteur.
Ensemble, ils siégeront pour un mandat de six ans, à compter du 10 septembre.
Ce renforcement institutionnel n’a rien d’anodin : il traduit la volonté de l’État français d’assurer un encadrement équilibré du pluralisme médiatique, dans un territoire où les enjeux identitaires et politiques restent vifs.
L’ARCOM, un rempart républicain… mais contestée
Depuis des années, cette autorité administrative indépendante est régulièrement critiquée pour sa partialité, notamment après le retrait des fréquences de C8, perçu par beaucoup comme une atteinte à la liberté d’expression populaire.
D’un côté, une autorité qui revendique un rôle de garant de l’intérêt général. De l’autre, des voix populaires, parfois brutales mais vivantes, accusant l’État de vouloir lisser, censurer, moraliser.
Dans la foulée de cette décision explosive, une pétition a été mise en ligne le 24 juillet dernier sur le site officiel de l’Assemblée nationale.
À l’initiative d’Arnaud Borderie, elle réclame la suppression pure et simple de l’ARCOM, qualifiée d’« autorité coûteuse, inutile et liberticide ».
Son budget annuel — près de 50 millions d’euros (6 milliards de francs CFP) — y est jugé « stérile » et « bureaucratique », tandis que ses décisions rappelleraient, selon les signataires, « l’ORTF des années 1980 », un organe « sourd à la pluralité des opinions » et « soumis à l’État ».
Pour ses détracteurs, l’ARCOM serait devenue le bras armé d’une moralisation politique, où la sanction tient lieu de débat.
Pour ses défenseurs, elle reste le bouclier institutionnel d’une République qui refuse le chaos informationnel.
Entre liberté et responsabilité, la ligne de crête devient chaque jour plus étroite.
Une gouvernance audiovisuelle sous le signe de la responsabilité
Dans ce contexte de défiance, la nomination de Poindet Océa Naaoutchoué et d’Akila Nedjar-Guerre prend une valeur symbolique. Elle rappelle que l’État ne se désintéresse pas du Pacifique, ni de la qualité du débat public ultramarin.
Sous l’impulsion du décret du 10 mai 2024, chaque comité territorial de l’ARCOM s’inscrit désormais dans une logique de proximité et de responsabilité locale.
Mais cette décentralisation encadrée n’a rien d’un désengagement : elle vise à adapter la régulation nationale aux réalités culturelles et sociales ultramarines.
En Nouvelle-Calédonie, le gouvernement local, par la voix d’Isabelle Champmoreau, membre en charge des questions audiovisuelles, coopère étroitement avec Paris pour assurer un service public de l’information digne et équilibré.
Car derrière les nominations se dessine une vision : celle d’une République présente, exigeante et soucieuse de défendre la vérité médiatique face aux dérives idéologiques.
Cette double nomination envoie un message clair : la régulation audiovisuelle n’est pas un simple organe administratif, mais un pilier de la souveraineté française.
Dans un Pacifique où la concurrence des influences s’intensifie, l’État choisit la fermeté, la compétence et la loyauté institutionnelle.




















