Un vote discret mais décisif pour l’équilibre de la fonction publique. Dans le silence des bureaux, des milliers de fonctionnaires ont choisi leurs représentants. Et les résultats marquent un virage clair : la modération l’emporte sur l’agitation syndicale.
Une participation solide, reflet d’un service public qui tient debout
Du 28 juillet au 5 septembre 2025, les agents de la fonction publique calédonienne ont voté pour désigner leurs représentants aux Commissions administratives paritaires (CAP). Le scrutin, organisé dans la plus grande transparence, a mobilisé 61,6 % des 10 094 électeurs inscrits — un chiffre stable, même encourageant dans un contexte de défiance généralisée envers les institutions.
6 215 votants, 5 761 suffrages exprimés : des chiffres qui confirment l’attachement du personnel public à la représentation démocratique interne.
Les résultats sont clairs :
UT CFE-CGC : 2 859 voix, 64 sièges
LA FEDE : 1 938 voix, 51 sièges
USTKE : 518 voix, 6 sièges
SOENC : 254 voix, 3 sièges
COGETRA : 112 voix, aucun siège
SOLIDARITÉ NC : 80 voix, 1 siège
La CFE-CGC, syndicat des cadres et techniciens, confirme sa position dominante, en remportant plus de la moitié des sièges. Une victoire nette, traduisant le rejet des discours radicaux au profit d’un syndicalisme de dialogue et de compétence.
Dans un climat social tendu, cette élection prouve que la fonction publique territoriale calédonienne reste attachée à la stabilité, à la hiérarchie et au service du bien commun.
Les CAP, colonne vertébrale silencieuse de l’administration
Créées par la délibération n°135 du 21 août 1990, les CAP représentent les fonctionnaires titulaires. Elles interviennent sur tous les sujets essentiels : avancement, titularisation, mutations, sanctions disciplinaires.
Elles ne font pas la une des journaux, mais sans elles, les instances politiques et administratives du pays ne fonctionneraient pas.
Composées de représentants de l’administration (Gouvernement et provinces) et de représentants du personnel élus, elles incarnent un équilibre entre autorité et dialogue social. Vingt-deux commissions couvrent la fonction publique territoriale et huit la fonction publique communale, selon les filières métiers (administrative, technique, santé, culturelle…) et les catégories hiérarchiques A, B, C, D.
Les nouveaux mandats, entrés en vigueur le 1er octobre 2025, donnent ainsi le ton d’un nouveau cycle de gouvernance interne : plus structuré, moins revendicatif, et recentré sur l’efficacité du service public.
Une victoire du pragmatisme sur la posture revendicative
L’élection 2025 illustre une tendance lourde : la fatigue du personnel face aux discours d’opposition systématique.
Les syndicats modérés comme la CFE-CGC ou LA FEDE ont su convaincre que la défense des agents passe d’abord par la compétence et le dialogue, non par la confrontation.
À l’inverse, les formations plus radicales, USTKE ou SOENC, voient leur influence se réduire, traduisant un recul de la contestation dans un moment où la Nouvelle-Calédonie a besoin d’institutions fortes et cohérentes.
Ce rééquilibrage syndical ouvre la voie à une meilleure efficacité de la gestion des carrières, mais aussi à une plus grande fidélité à la mission première du service public : servir, et non se servir.
Les séances des CAP, non publiques, demeurent un lieu de décision technique où chaque dossier est examiné avec rigueur et confidentialité. Leur rôle, souvent ignoré du grand public, est pourtant déterminant pour la cohésion du service public territorial.
Avec l’entrée en vigueur des nouveaux mandats, le message est clair : la fonction publique calédonienne veut avancer, non se diviser.
Ces élections marquent le retour du sens des responsabilités au sein des institutions, alors que le pays traverse de profondes incertitudes politiques et économiques.
Face aux crises hospitalières, aux tensions budgétaires et aux défis du transfert de compétences, la stabilité administrative devient une nécessité stratégique.
Les CAP 2025 ne sont pas qu’une formalité bureaucratique : elles sont le thermomètre d’un pays qui choisit la rigueur plutôt que la revendication, la compétence plutôt que le chaos.
Loin des polémiques politiques, les agents du service public ont tranché.
Leur vote envoie un signal clair : le temps du syndicalisme de posture est révolu. Place au professionnalisme et à la stabilité.