Madeleine, 73 ans, pensait avoir affaire à son banquier. En quelques minutes, elle a perdu 500 000 F. Une voix calme, un ton rassurant, un discours bien rodé : “Il y a des débits suspects sur votre compte, il faut agir vite.” En réalité, c’était un escroc.
Face à cette vague d’arnaques, la police nationale tire la sonnette d’alarme : personne n’est à l’abri, surtout les plus âgés ou les moins connectés.
Une fraude implacable qui cible la confiance
C’est l’escroquerie la plus sournoise du moment. Le “faux conseiller” se fait passer pour un agent du service anti-fraude de la banque, souvent en usurpant le numéro officiel de l’établissement.
Il prétend avoir repéré des opérations suspectes et invite sa victime à “bloquer les débits” en urgence. Pour cela, il demande des codes reçus par SMS ou des validations sur l’application bancaire.
En vérité, ces actions permettent à l’escroc de valider des virements frauduleux.
Les auteurs disposent souvent d’informations précises, nom, adresse, numéro de compte, dérobées par phishing, piratage ou virus. Tout est calibré pour piéger la bonne foi.
Les fraudeurs jouent sur la peur, l’urgence et la confiance dans l’autorité bancaire. Ils manipulent psychologiquement leurs victimes comme de véritables prédateurs, confie un officier de police judiciaire.
L’État rappelle les bons réflexes face aux escrocs
La police nationale et la gendarmerie martèlent un message simple : aucun conseiller bancaire ne vous demandera vos codes ou vos mots de passe.
En cas de doute :
– Raccrochez immédiatement.
– Contactez votre banque via le numéro officiel figurant sur vos relevés.
– Ne validez jamais une opération que vous n’avez pas initiée.
Si vous avez déjà été victime :
– Changez immédiatement vos mots de passe.
– Faites opposition sur votre carte ou compte.
– Déposez plainte au commissariat ou à la gendarmerie.
Les autorités encouragent aussi à signaler les faits sur la plateforme Perceval, dédiée aux fraudes à la carte bancaire.
Et pour renforcer la sécurité, un antivirus et des mises à jours régulières sont indispensables. Trop de victimes négligent encore ces protections de base.
Des peines lourdes prévues par le Code pénal
Les fraudeurs encourent des sanctions sévères :
– Cinq ans de prison et 375 000 € (45 millions de francs CFP) d’amende pour escroquerie (article 313-1).
– Trois ans et 100 000 € (12 millions de francs CFP) d’amende pour accès frauduleux à un système informatique (article 323-1).
– Cinq ans et 300 000 € (36 millions de francs CFP) pour collecte illégale de données personnelles (article 226-18).
Mais sur le terrain, les enquêteurs peinent à remonter les filières, souvent basées à l’étranger. Une cybercriminalité mondialisée, ultrarapide, difficile à traquer.
Dans les commissariats, le constat est amer : les services spécialisés luttent sans relâche, mais les victimes se comptent par centaines chaque semaine.
Les escrocs ne ciblent pas seulement les personnes âgées, mais aussi les jeunes actifs ou les entrepreneurs débordés.
Un clic trop rapide, une réponse impulsive à un SMS alarmant, et c’est le compte vidé en quelques minutes.
Dans une époque où la confiance aveugle a remplacé le bon sens, la vigilance redevient une valeur cardinale.
Les autorités rappellent :
Le vrai pouvoir de protection, c’est d’abord l’attention. Celui qui doute, vérifie. Celui qui croit, paie.
La fraude au faux conseiller bancaire n’est pas qu’une escroquerie : c’est le symptôme d’une société trop confiante dans le numérique, et pas assez formée à s’en méfier.
Les banques, elles, renforcent leurs dispositifs, mais aucun pare-feu ne remplacera la prudence humaine.
Car au bout du fil, ce n’est pas un algorithme qui vous piège, mais un escroc qui connaît vos faiblesses.