Il voulait sauver la face, préserver l’institution et rendre service à la Couronne.
En renonçant lui-même à ses titres, le prince Andrew évite l’humiliation publique et soulage un roi déjà accablé par les scandales.
Le prince déchu qui voulait sauver la monarchie
Renoncer pour sauver l’honneur. Voilà l’ultime geste d’un homme acculé, mais encore lucide. Le prince Andrew, troisième enfant de la défunte reine Élisabeth II, a officiellement annoncé qu’il cessait de faire usage de son titre de duc d’York. Ce choix n’est pas une surprise : il était devenu inévitable après les révélations sur ses mensonges et ses liens avec le prédateur sexuel Jeffrey Epstein.
Cette décision, présentée comme « volontaire », tombe à point nommé pour le roi Charles III. Le souverain évite ainsi de destituer publiquement son propre frère, une procédure lourde, politiquement risquée et indigne d’une monarchie soucieuse de préserver son autorité morale.
En d’autres termes : Andrew s’efface pour épargner la Couronne.
Il déclare dans un communiqué solennel :
Après en avoir discuté avec le roi, ma famille proche et élargie, nous avons conclu que les accusations continuelles à mon encontre constituaient une distraction et nuisaient au travail de Sa Majesté. Je ne ferai donc plus usage de mon titre ni des honneurs qui m’ont été conférés.
Le prince, déjà déchu de ses titres militaires depuis 2022, radié des œuvres caritatives et effacé des agendas royaux, tente ici un dernier acte de loyauté. Un sacrifice symbolique, mais nécessaire pour sauver la face.
Un scandale sans fin : Epstein, mensonges et silence royal
Tout a commencé il y a plus de dix ans, avec les révélations sur Jeffrey Epstein, le financier américain condamné pour crimes sexuels. L’onde de choc fut mondiale. Parmi les proches d’Epstein, le nom d’Andrew, duc d’York, revenait sans cesse.
Photo à l’appui, témoignages, virements douteux : la défense du prince vacillait.
En 2019, face au scandale, il annonçait se retirer de la vie publique. En 2022, il perdait ses titres militaires. Aujourd’hui, il perd ce qui lui restait : son rang de duc et sa dignité d’homme public.
Mais il garde son titre de prince, par naissance, fils d’un monarque régnant. Un détail symbolique, car sa parole ne pèse plus rien.
Le livre posthume Nobody’s Girl de Virginia Giuffre, principale accusatrice d’Andrew, vient d’enfoncer le clou. Dans ses pages, la jeune femme raconte les abus subis à 17 ans. Des extraits diffusés dans la presse britannique ont révélé de nouveaux éléments, accablants pour le prince.
Même après la mort d’Epstein, les mensonges d’Andrew ont continué à salir la monarchie.
Virginia Giuffre, qui s’est suicidée en avril à 41 ans, avait déjà intenté un procès civil contre le prince. L’affaire s’était soldée par un accord financier de plusieurs millions de dollars, sans reconnaissance de culpabilité.
Mais l’opinion publique, elle, avait déjà tranché : Andrew est l’homme par qui le scandale arrive.
Le roi Charles soulagé, la monarchie préservée
Pour le roi Charles, cette renonciation tombe à point nommé. À la veille de sa visite au Vatican, prévue les 22 et 23 octobre, le souverain évite un nouveau psychodrame familial.
Pas de lettre patente, pas de débat parlementaire, pas d’humiliation officielle : Andrew s’est effacé, et le roi garde la tête haute.
Dans les coulisses, Buckingham respire. Cette « sortie par le haut » était la seule voie possible. Le palais redoutait que la nouvelle biographie de Virginia Giuffre rallume le feu des tabloïds et compromette le prestige du roi en déplacement à Rome.
Andrew, en renonçant à ses titres, offre un bouclier à son frère. Et c’est là toute l’ironie du drame : l’homme qui a terni la monarchie la sauve in extremis.
Mais cette décision a des conséquences collatérales. Sarah Ferguson, ex-épouse du prince et mère de leurs deux filles, Beatrice et Eugenie, devrait elle aussi renoncer au titre de duchesse d’York, qu’elle utilisait encore officieusement.
L’affaire Andrew entraîne dans sa chute toute une génération d’aristocrates déclassés.
À 65 ans, le prince vit désormais en retrait, sur ses terres de Windsor. Ses filles, restées discrètes, n’ont pas commenté la décision. Buckingham, lui, insiste sur
le respect des décisions prises par Sa Majesté et la famille royale.
Le message est clair : le roi gouverne, la famille obéit.
La monarchie britannique, souvent accusée de rigidité, prouve ici qu’elle sait protéger ses fondations plutôt que ses membres fragiles.
Renoncer, c’est parfois la plus haute des fidélités.