Le climat s’alourdit aux îles Bélep. Le 15 octobre dernier, au petit matin, une violente agression a éclaté en mer entre pêcheurs du nord et du sud de l’île, révélant des fractures coutumières d’une rare intensité.
Une attaque brutale en pleine mer
Vers 6 heures, six hommes pêchaient paisiblement au large de Bélep Sud lorsqu’ils ont été pris pour cible par trois embarcations venues à leur rencontre. Les assaillants ont accosté, monté à bord et frappé les victimes à coups de poings, de pieds, de bâtons et de perches.
Selon les premiers éléments recueillis, les agresseurs auraient ensuite jeté les pêcheurs à l’eau avant de leur lancer une glacière de 200 litres et trois bidons de 20 litres. Deux d’entre eux ont même dû plonger pour éviter d’être percutés par des bateaux fonçant délibérément dans leur direction. Les clans à l’origine de l’attaque sont désormais identifiés.
Une décision coutumière lourde de conséquences
Six jours plus tard, le 21 octobre, deux coutumiers du Sud se sont présentés au poste de gendarmerie provisoire de Bélep pour annoncer une décision sans précédent : la suspension totale des déplacements entre le Nord et le Sud de l’île.
Cette mesure, adoptée à l’unanimité lors d’une réunion coutumière, interdit toute circulation, hommes, femmes et enfants confondus entre les deux zones. Une décision motivée par les “événements survenus en mer” et qui acte, de fait, une rupture territoriale au sein même de l’île.
Une fracture communautaire qui inquiète
À Bélep, où l’équilibre coutumier repose sur des liens familiaux et maritimes étroits, cette interdiction marque un tournant inquiétant. Les autorités locales redoutent une escalade des tensions si la médiation coutumière n’intervient pas rapidement.
L’affaire met en lumière la fragilité du dialogue inter-clans et la persistance de rivalités anciennes, dans une île isolée où chaque incident prend une ampleur démesurée.
Une mer, deux camps, et un fragile équilibre désormais brisé.